Plus de 70 000 commerçants ont cessé leurs activités depuis le début de la pandémie de Covid-19 en Algérie, a indiqué, hier, Hadj Tahar Boulenouar, président de l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca). Lors d'une conférence de presse tenue au siège de son association à la Safex (Alger), le président de l'Anca a indiqué que sous la pression des charges, de nombreux commerçants ont procédé au gel de leurs activités. Pis encore, puisque d'autres ont carrément procédé au retrait de leur registre du commerce. Les commerçants n'ont pas pu faire face aux lourdes charges qu'ils subissent, notamment les loyers exorbitants. À titre indicatif, Hadj Tahar Boulenouar a souligné que la location d'un local au marché de gros de Semmar coûte entre 20 et 30 millions de centimes. Globalement, cette situation a induit une perte de chiffre d'affaires des commerçants algériens de l'ordre de 50% et une perte d'emplois qui se chiffre autour de 200 000 postes. Concernant la nouvelle année 2021, le président de l'Anca a précisé que les marchés et les prévisions des prix des produits resteront impactés par ce qui s'est passé l'année dernière avec la pandémie de Covid-19 et ses conséquences sur l'économie nationale. Même s'il n'est pas aisé de faire des prévisions, Hadj Tahar Boulenouar a indiqué qu'une baisse des prix n'est pas à écarter à condition, bien sûr, que les conditions idoines soient mises en place. À commencer par l'augmentation de la production nationale. "Si on veut stabiliser ou baisser les prix, il faut augmenter la production nationale", a plaidé le président de l'Anca. Selon lui, la chose est réalisable. Il prend pour exemple le secteur du textile où, faute d'importation, 3 000 ateliers ont saisi l'occasion pour augmenter leur production. Toujours au chapitre de la production nationale, l'Anca, à travers son président, a appelé les pouvoirs publics à encourager les importateurs pour qu'ils s'orientent vers la production. Une démarche pertinente, selon Hadj Tahar Boulenouar, puisque ces derniers disposent de fonds, mais surtout d'un réseau de distribution, ce qui permet de créer beaucoup d'emplois. Outre l'augmentation de la production nationale, l'Association nationale des commerçants et artisans a estimé que les prix en 2021 sont intimement liés à la valeur du dinar. La poursuite de la dévaluation du dinar induira forcement une hausse des prix des produits de consommation. Par ailleurs, le président de l'Anca a affirmé que le manque d'infrastructures dédiées au commerce plombe le secteur. Pourtant, selon l'Anca, il y a beaucoup d'espaces commerciaux qui ne sont pas utilisés, à l'instar des locaux commerciaux des cités AADL qui restent inaccessibles à cause des loyers élevés. L'Anca se dit prête à s'impliquer dans l'opération de location de ces locaux pour les commerçants en servant d'interlocuteur avec l'AADL. Par ailleurs, le nombre de marchés (tous types confondus) est en dessous de 2 000. Ce qui est très insuffisant pour une population de 40 millions d'habitants. L'Anca chiffre le déficit à 500 marchés tous types confondus (gros, détails, proximité). L'Association a également déploré l'absence de marchés de gros régionaux, ainsi que les marchés de gros spécialisés. En chiffres, Hadj Tahar Boulenouar a souligné qu'en dehors des fruits et légumes pour lesquels le problème ne se pose pas, le secteur a besoin au moins de 2 marchés de gros régionaux, de 2 marchés de gros spécialisés dans l'habillement et de 2 marchés de gros spécialisés dans l'électroménager.