L'Iran n'est pas pressé de voir les Etats-Unis revenir à l'accord international sur le nucléaire iranien et exige avant tout la levée des sanctions américaines qui asphyxient son économie, a déclaré hier le guide suprême iranien. La question n'est pas "que l'Amérique revienne ou non ; nous ne sommes pas pressés et nous n'insistons pas pour qu'elle revienne", a déclaré l'ayatollah Ali Khamenei. "Notre demande rationnelle et logique est la levée des sanctions, et les sanctions doivent être levées" car "il s'agit du droit usurpé de la nation iranienne", a ajouté le numéro un iranien, qui s'exprimait lors d'un discours télédiffusé. "Les Etats-Unis et l'Europe qui suit les Etats-Unis ont le devoir de respecter ce droit du peuple iranien", a-t-il encore affirmé. En 2015, la République islamique et le groupe des Six (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) ont conclu à Vienne un Plan d'action global commun (PAGC) censé régler la question nucléaire iranienne après douze années de tensions. L'accord offre à l'Iran un allègement des sanctions internationales en échange d'une limitation drastique de son programme nucléaire et de garanties prouvant qu'il ne se dote pas de la bombe atomique. Mais ce pacte menace de voler en éclats depuis que le président américain, Donald Trump, en a retiré son pays en 2018 avant de rétablir et d'intensifier des sanctions économiques punitives au nom d'une politique de "pression maximale" contre l'Iran. Le retour des sanctions a privé la République islamique des bénéfices économiques qu'elle attendait de l'accord de Vienne en faisant fuir les investisseurs étrangers et en réduisant comme peau de chagrin le commerce extérieur du pays (en premier lieu ses exportations pétrolières), ce qui a plongé l'Iran dans une violente récession dont il peine encore à sortir. En riposte, Téhéran s'est affranchi progressivement depuis 2019 de la plupart de ses engagements pris à Vienne pour forcer (jusqu'ici sans succès) les autres partenaires de l'accord à l'aider à contourner les sanctions américaines. La victoire de Joe Biden face à Donald Trump à la présidentielle américaine laisse présager un changement d'attitude de Washington vis-à-vis de Téhéran. Le président élu a signalé son intention de ramener les Etats-Unis dans le giron du PAGC, mais pose des conditions inacceptables pour l'Iran. Si le président iranien, Hassan Rohani, a multiplié les signes d'ouverture ces dernières semaines à l'attention du futur gouvernement américain, il a aussi conditionné le retour des Etats-Unis à l'accord de Vienne à la levée des sanctions américaines réimposées ou instituées depuis 2018. R. I./Agences