Pour protéger ses entreprises, l'Union européenne compte activer ce qui est appelé "loi de blocage" contre les effets territoriaux des sanctions américaines réimposées depuis hier à l'Iran. Les sanctions commerciales que les Etats-Unis ont réimposées à l'Iran sont entrées en vigueur depuis hier, après le retrait américain de l'accord sur le nucléaire, appelé aussi le Plan d'action global commun (PAGC). Et l'Union européenne, dont les pays membres sont fortement concernés par cette question, a déjà réagi en appelant ses entreprises à coopérer avec l'Iran, dans une déclaration de sa cheffe de la diplomatie, Federica Mogherini. "Nous encourageons les petites et moyennes entreprises en particulier à accroître leurs activités avec l'Iran et dans le pays", a-t-elle déclaré, estimant que cela constitue pour l'Europe une priorité en matière de sécurité, ont rapporté les agences de presse. Et d'expliquer encore que le commerce entre l'Iran et l'UE est un aspect fondamental du droit iranien à avoir un avantage économique en échange de ce qu'il a fait jusqu'ici, à savoir se conformer à tous ses engagements dans le domaine nucléaire, a rapporté l'agence de presse iranienne IRNA. Certainement, pris de court par cette sortie de Federica Mogherini et la décision de l'UE d'activer ladite "loi de blocage", le président américain Donald Trump s'est montré menaçant à l'égard de ses alliés européens avec lesquels il est en désaccord sur le dossier du nucléaire iranien, tout comme il l'est sur d'autres dossiers brûlants comme celui du commerce international et de l'environnement. "Les sanctions contre l'Iran sont officiellement en place. Ce sont les sanctions les plus dures jamais imposées, et en novembre elles augmenteront encore à un autre niveau", a réagi M. Trump. "Quiconque faisant des affaires avec l'Iran ne fera pas d'affaires avec les Etats-Unis. Je demande la paix mondiale, rien de moins", a-t-il ajouté dans son tweet matinal. Pour leur part, les Russes qui font partie des signataires de cet accord sur le nucléaire, aux côtés de la Chine, de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne, ont réagi contre les sanctions américaines. "Nous sommes profondément déçus par la décision des Etats-Unis de rétablir leurs sanctions nationales contre l'Iran", a déclaré dans un communiqué le ministère russe des Affaires étrangères, pour lequel ces sanctions visent à saper l'application du plan d'action conjoint (sur le nucléaire iranien), dont est sorti unilatéralement Washington le 8 mai. À Téhéran, les autorités refusent tout dialogue avec Washington sans la levée de ces sanctions et le retour des Etats-Unis à l'accord que Trump a déchiré en mai dernier, provoquant un tollé. "Associer des négociations à des sanctions, c'est insensé. Ils imposent des sanctions aux enfants iraniens, aux malades et à la nation", a déclaré le président iranien Hassan Rohani, lors d'un entretien télévisé, accusant Trump de chercher le chaos en Iran en provoquant une crise économique dans le pays. Pour rappel, les sanctions américaines visent les achats dans le secteur automobile et l'aviation commerciale. Washington va encore lancer une deuxième batterie de sanctions le 5 septembre prochain contre le secteur pétrolier et gazier, vital pour le pays, ainsi que la banque centrale. Premier effet de ces sanctions, le constructeur automobile allemand Daimler a annoncé qu'il cessait ses activités en Iran, jusqu'à nouvel ordre, emboîtant le pas à d'autres entreprises étrangères, majoritairement européennes, ayant déjà pris des décisions similaires. Lyès Menacer