"Si les réformes ne sont pas menées cette année, la crise risque de s'aggraver", avertit le ministre. Le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Prospective, Mohamed-Cherif Belmihoub, a averti, hier, lors de son passage au Forum du quotidien Echaâb, que si les réformes ne sont pas menées cette année, "la crise risque de s'aggraver". M. Belmihoub a dressé un diagnostic, sans complaisance, de l'état de l'économie nationale, même s'il relève l'absence de données économiques. "Nous n'avons pas de tableau de bord", a regretté le ministre, indiquant que l'économie algérienne est "très vulnérable" et est caractérisée par une forte dépendance envers le secteur des hydrocarbures. "L'Algérie n'est pas un pays pétrolier. C'est une image déformée", a-t-il soutenu. "On nous a menti. L'Algérie est un nain pétrolier. Notre pays est le 13e pays producteur de l'Opep", a ajouté M. Belmihoub, affichant une certaine inquiétude concernant la croissance de la consommation énergétique des ménages, dont le taux estimé entre 8 et 9%, est plus importante que celle de l'industrie. À ce rythme, prévoit-il, l'Algérie risque de ne pas pouvoir exporter des hydrocarbures à l'horizon 2025-2030. Par ailleurs, conséquence de cette "malédiction des ressources naturelles", l'économie algérienne demeure faiblement diversifiée. Selon le ministre chargé de la Prospective, l'industrie ne représente que 4,5% du produit intérieur brut. "C'est grave !", a-t-il lancé. L'économie algérienne est constituée de très petites entreprises (TPE). Sur 1,2 million d'entreprises répertoriées, 97% d'entre elles comptent moins de 10 salariés. Avec 25 PME pour 1 000 habitants, la densité des entreprises est relativement faible par rapport aux autres pays dans le monde, particulièrement ceux de la région. M. Belmihoub est revenu longuement sur les nouveaux leviers de croissance qui ont été identifiés pour la relance économique. Il a cité, notamment, le secteur minier et l'exploitation des terres rares. Il a évoqué, aussi, l'industrie du renouvelable relevant un "retard colossal" dans ce domaine. Le ministre a également parlé de l'agriculture saharienne, de l'industrie pharmaceutique et de l'économie de la connaissance. Cependant, pour que cette nouvelle stratégie de relance réussisse, il est nécessaire de réunir certains facteurs de succès, que sont l'amélioration du climat des affaires, la réforme profonde du système bancaire et financier, la débureaucratisation et la simplification des procédures avec la mise en place d'un guichet unique. Concernant le financement du plan de relance, M. Belmihoub estime qu'il sera très difficile de faire appel au budget de l'Etat. Parmi les leviers de financement prévus, le ministre a évoqué le financement bancaire de l'investissement. "Le président de la République a donné des instructions pour auditer les demandes de dossiers qui n'ont pas été satisfaites", a révélé le ministre. Les autres alternatives sont le marché financier, la Bourse, les obligations du Trésor et le partenariat public-privé (PPP). L'option du partenariat public-privé, dont une loi est en projet, devrait être une approche à privilégier dans le financement des infrastructures et services publics. M. Belmihoub a annoncé le lancement, cette année, de trois études prospectives sur le capital humain et la jeunesse, sur la sécurité et la transition énergétique et sur la sécurité alimentaire.