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Quand les nuages éclipsent le “koussouf”
La pluie a gâché le spectacle
Publié dans Liberté le 04 - 10 - 2005

10h06. La Lune et le Soleil étaient bel et bien au rendez-vous mais Dame météo a tout gâché, au grand dam de Mahfoudh Fellouss. Seuls les potaches y ont trouvé leur compte, avec une journée de “récré” providentielle.
C'était prévisible : entre un référendum à 97% de oui, un discours du Président très attendu, une leïlat echekk prélude au Ramadhan et un derby au sommet JSK-USMA, l'éclipse avait peu de chance de monopoliser les regards. Quand, de surcroît, la météo fait des siennes, c'est la totale (pas l'éclipse). Peut-être la bruine qui a humecté l'atmosphère y est-elle pour quelque chose, en dépit des multiples mises en garde – parfois alarmistes – exhortant les citoyens à ne pas lever les yeux vers le haut en ce jour béni, nous avons noté une assez bonne animation hier matin. La ville était certes diminuée de ses trublions de potaches, mais pour le reste, c'était presque une journée comme une autre. On aura toutefois relevé moult rideaux baissés. Autre chose : la circulation. Nettement plus fluide. Au final, oui, l'éclipse a changé quelque chose au métabolisme sociopolitique de ce lundi matin mais sans fracas. 9h10. Nous voici devant une école primaire à El-Madania. Le portail de l'école est fermé. Un vieil homme nous reçoit. Il travaille dans cette école. “Wech el-koussouf hada ! Waâlache idirouna fel khlaye?” Pourquoi toute cette panique ? Y a pas le feu ! On a fait peur aux enfants pour rien. “D'ailleurs, ils auraient été plus en sécurité ici que chez eux”, fait-il observer, avant d'ajouter : “Les gosses auraient été mieux surveillés à l'école qu'à la maison. Quand vous leur dites ne faites pas ça, c'est là qu'ils le font. Vous leur dites ne regardez pas, ils regardent.”
Dans les marchés, avant-goût des ambiances ramadhanesques. Les ménagères font tranquillement leurs provisions en prévision du mois sucré, euh… sacré. Détail significatif : des haut-parleurs de certaines mosquées fusent des psalmodies. Dans plusieurs lieux de culte est assuré l'office religieux. C'est la prière de l'Eclipse, Salat El-Koussouf. La prière confère à l'événement une dimension mystique. C'est beau. Pour d'autres, cela éveille des souvenirs saumâtres, ceux des temps où les islamistes instrumentalisaient les phénomènes célestes – comme la religion – à des fins politiques.
Virée maintenant au Centre de loisirs scientifiques d'El-Mouradia. Sous une pluie battante, des mioches s'y précipitent quand même dans l'espoir de pouvoir observer le phénomène. D'aucuns sont munis de lunettes spéciales, acquises chez des pharmaciens ou des vendeurs d'un instinct marchand féroce. Cela va de 200 à 400 DA la paire (utilisables une seule fois). Mahfoud Fellouss exhibe sa paire de lunettes CE (Ciel et Espace) encore sous emballage. “Tant pis ! Je vais les utiliser à la prochaine éclipse. Ça sera le 29 mars 2006. Une éclipse partielle”, dit-il. Autodidacte très talentueux, féru de tout ce a trait aux sciences, Mahfoud Fellouss, faut-il le souligner, est le fondateur du premier club d'astronomie en Algérie. C'est le club El-Birouni. “C'était en 1982”, se souvient-il. Depuis huit ans, il s'est converti au théâtre scientifique dans un souci d'opérer “une mise en culture de la science”, dira-t-il. Hier, à 15h, il devait donner avec sa troupe une représentation à la salle Ibn-Zeydoun sous le thème… Vous l'aurez deviné. Oui. Le koussouf. Encore lui. Venu donner un coup de main à ses amis du CLS, il est déçu comme nous tous. Il se console en lançant : “Bon. Vous avez raté l'éclipse de l'éclipse. Venez regarder l'éclipse dans ma pièce !” Dans une salle autour d'une console de Data show, des jeunes resteront sur leur faim. Notre photographe relèvera à peine une légère baisse de luminosité dans le ciel aux alentours de 10h06. Debout devant un télescope branché à une caméra CDD, le tout relié à un écran télé, Réda n'est guère sûr que quelque chose apparaisse sur l'écran. Réda Lessoued est le président d'une nouvelle association scientifique qui a son siège au CLS : L'Association algérienne des jeunes astronomes amateurs (AAJAA). Tout ce dispositif, c'est lui. “Nous essayons de porter l'astronomie à toutes les couches sociales”, explique-t-il. En l'occurrence, l'opération devait être d'une grande portée pédagogique. Elle était censée restituer à l'événement sa dimension “spectacle”, une dimension complètement occultée par le matraquage alarmiste de ces derniers jours. “On a diabolisé l'éclipse alors que c'est censé être un beau spectacle”, regrette Mahfoud Fellouss. Pour lui, c'est là un symptôme inquiétant de la carence de l'information scientifique dans notre pays. “C'est un signe de l'échec de la culture. Même nos élites n'ont pas de bagage scientifique. Nous avons entendu toute sorte d'inepties à propos de cette éclipse. Nous vivons des comportements dignes de la France du 17e siècle quand les gens avaient peur de l'éclipse. La culture scientifique n'existe pas chez nous !”
La poisse ! Toute la semaine, il a fait beau. Et le jour “j”, il a fallu que les nuages gâchent la partie. Pour d'autres, c'est une bonne chose. Cela aura eu le mérite de nous épargner bien des dégâts ophtalmologiques. Peut-être qu'à Tizi Ouzou l'ont-ils vue ? Dans la ville des Genêts, le Soleil devait être occulté à… 97%…
Mustapha Benfodil


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