Résumé : Mohamed se confie à sa mère. Il lui avoue son amour pour la jeune Louisa, mais aussi ses craintes et ses incertitudes. La vieille femme est bien triste pour son fils. Mais elle le comprenait. Il est aussi fier que ses aïeux ! 18eme partie La vieille dame acquiesce silencieusement. Ils restèrent ainsi un long moment assis à méditer sur leur sort. Enfin, Mohamed se lève et lance à sa mère : - Je crois que nous devrions partir d'ici mère. - Partir ? Par ce froid ? Et où donc ? - Je n'en sais encore rien. J'aimerais tant pouvoir trouver rapidement un gîte quelque part non loin d'ici mais, je ne connais pas bien la région. Je crois que je vais demander à l'un de ces marchands ambulants de nous prendre avec lui jusqu'au prochain village. - Tu as bien réfléchi mon fils ? - Oui mère. Tout compte fait, je ne serais qu'un étranger dans ce village, à la merci de Da Idir et de ses habitants. Je n'ai aucune racine dans cette région et je n'aimerais pas être désigné comme celui qui est venu quémander une femme et un toit. - Tu n'as rien demandé mon fils, c'est Da Idir qui t'en a fait la proposition. - Je le sais. Da Idir est généreux, mais je serais contraint de vivre sous son égide si j'acceptais ses propositions. D'ailleurs, je paye largement son geste hospitalier puisqu'il me doit encore une bonne rémunération pour la saison de semailles et la cueillette des olives. Nous allons partir dès demain matin à l'aube. Garde le secret mère, s'il te plaît. - Bien mon fils. Que Dieu guide nos pas. Et… Et Louisa mon fils ? Mohamed pousse un long soupir. - Là est le drame mère. J'aime cette fille et je n'aimerais pas qu'elle souffre par ma faute. Mais que pourrai-je faire, je ne suis plus qu'un nomade qui n'a aucun port d'attache. Je pourrai peut-être revenir demander sa main si, toutefois, mon séjour dans la grande ville s'avère fructueux. - Tu crois qu'elle va t'attendre jusque là ? - Je n'en sais rien mère. Seul le temps décidera pour nous. - Bien mon fils. Que Dieu nous protège et nous mène à bon port. Je suis prête à te suivre. Mohamed eut les larmes aux yeux. Il n'avait plus que sa mère dans ce monde pour le comprendre et le motiver. Avait-il le droit de lui faire courir tous les risques de ce voyage qui ne s'annonce pas facile ? Mais il savait qu'il n'avait pas le choix. Il se lève et se dirige vers le grand portail qu'il entrouvrit pour sortir. Des enfants jouaient dans la ruelle où quelques animaux domestiques étaient affalés au soleil. Le jeune homme se dirige vers la “Djemaâ” pour saluer les sages, avant de descendre le long de l'étroit sentier qui menait aux champs d'oliviers. Quelques paysans s'activaient à remplir des sacs d'olives destinés à la presse. La récolte olivaire cette année semble prometteuse et il y aura de la bonne huile pour tout le monde. Mohamed continue sa marche jusqu'au bas du grand chemin. Ici, quelques charrettes sont garées et les marchands discutaient entre eux. Nul doute qu'ils se préparent à reprendre la route dans les quelques heures à venir. Une aubaine pour lui, s'il ne veut pas rater le départ. Il s'approche d'eux pour les saluer puis, prenant un marchand à l'écart, il lui propose un marché. - Je dois me rendre dans la grande ville avec ma mère. Elle est vieille, invalide et à moitié aveugle. Je te propose un louis d'or pour le voyage si tu consens à nous prendre dans ta charrette. Alléché par la proposition du louis d'or qui, à l'époque, avait la valeur d'un lopin de terre, le marchand ne se le fait pas répéter deux fois pour accepter ce marché providentiel. Ainsi donc, la chose est vite conclue. Mohamed lui promet d'être au rendez-vous aux premières lueurs de l'aube au même endroit. La journée passe lentement. Le jeune homme avait évité la grande place de la “Djemaâ” où Da Idir passait son temps quand il n'avait rien à faire. Pour s'occuper, Mohamed s'était promené à travers les grands champs et avait aidé certains paysans à transporter des fagots de bois, où des bottes de paille. Y. H. (À suivre)