Les prochaines joutes électorales risquent de ne pas drainer grand monde. Hormis les abonnés aux élections, les formations qui s'inscrivent dans une dynamique d'opposition, réunies au sein du Pacte pour l'alternative démocratique (PAD), pourraient faire faux bond. La preuve, la dernière déclaration du PAD qui considère que "le système ne veut pas retenir la leçon politique de sa dernière consultation électorale" estime que "persister à faire des élections sans le peuple ou, pire, contre le peuple ne fera qu'accentuer l'impasse politique". Une position presque tranchée sur les prochaines élections que compte bien organiser le pouvoir, surtout après la révision de la loi électorale. Une élection législative devrait avoir lieu, selon toute vraisemblance, avant l'été prochain. Il reste, toutefois, aux forces du PAD d'expliciter leur position vis-à-vis de l'agenda politique du pouvoir, en fonction, bien entendu, des visions des forces centrifuges agissant en son sein. Pour mieux illustrer sa position, le PAD rappelle que "le préalable à toute issue démocratique" demeure "dans la libération immédiate des détenus politiques et d'opinion, la levée des entraves aux libertés publiques, la libération des champs politique et médiatique", réitérant, à l'occasion, son appel à mettre en place une période de transition. "L'urgence est plus que jamais de mettre en place une période de transition indépendante vouée à un processus constituant souverain qui permette de démanteler les mécanismes du système autoritaire mafieux et de jeter les jalons d'un Etat civil démocratique et social gouverné par la seule souveraineté populaire", écrivent les animateurs du Pacte pour l'alternative démocratique. Faisant un constat sur la situation générale du pays et celle dans le voisinage, le PAD se dit "préoccupé" par les développements de l'actualité politique internationale et nationale. "Notre espace géostratégique, à travers les derniers événements en Tunisie, a atteint un nouveau cap d'instabilité auquel s'ajoute une adversité manifeste contre le pays", alerte le PAD, estimant que dans ce contexte, "l'absence de Tebboune et l'opacité qui entoure sa maladie fragilisent l'Etat et compliquent l'émergence d'une perspective sérieuse à la hauteur des défis majeurs qu'affronte notre pays". Pour le PAD, la gestion à la fois politique et médiatique de la maladie du Président "révèle surtout l'inexistence d'une volonté réelle à prendre en charge les revendications légitimes du peuple algérien" et d'"une démarche transparente de sortie de la crise politique que vit notre pays depuis le Hirak du 22 février 2019". Le PAD s'appuie dans son analyse sur la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19 et la contre-révolution autoritaire qui "maintient la stratégie de la répression en aggravant les peines arbitraires contre les militants de la révolution citoyenne et démocratique dont près d'une centaine croupit encore en prison". Pour le PAD, "c'est en ce moment que le pouvoir instrumentalise la justice pour s'auto-amnistier", dénonçant "l'état d'urgence de fait imposé contre les droits et les libertés depuis avril 2019" qui "criminalise tout débat public serein ou action politique légale". Sur le plan socioéconomique, le PAD considère que dans un contexte mondial difficile, "le gouvernement, en panne de vision, prend des mesures qui rappellent le sinistre plan d'ajustement structurel des années 90, sans débat et avec un acharnement contre les luttes syndicales". Cela révèle, estime le PAD, "le maintien des intérêts dominants" alors que "les Algériens vivent un marasme social inquiétant". "À ce jour, le pouvoir n'a pas entamé une seule action effective en matière de récupération des dizaines de milliards de dollars dont l'autorité publique a reconnu le détournement", relève, par ailleurs, le PAD, estimant que face à cette situation, ses forces "saluent toutes les luttes menées par les collectifs syndicaux pour leurs droits, les étudiants et les luttes autour de la défense des détenus et des libertés". "Ces luttes ont permis au Hirak révolutionnaire de développer de nouvelles formes de lutte", souligne le PAD, estimant qu'après "le rejet de la consultation référendaire du 1er novembre", le peuple "montre qu'il reste déterminé, serein et attaché à la lutte pacifique pour faire aboutir une Algérie démocratique et sociale".