La Banque d'Algérie estime que malgré le redressement récent des prix du pétrole, l'évolution du marché pétrolier reste hypothétique. Le cours du Brent a franchi, hier, la barre des 60 dollars pour la première fois depuis plus d'un an, sur fond d'optimisme quant à une reprise de la demande en pétrole avec le redémarrage de l'économie mondiale. Le baril de Brent gagnait 1,26% à 60,19 dollars, au plus haut depuis janvier 2020, dans le sillage des marchés qui accueillent avec espoir les campagnes de vaccination contre la Covid-19 et les promesses d'un nouveau plan de soutien économique américain. Pour rappel, en avril 2020, le Brent était tombé à 15,98 dollars le baril, un prix plus vu depuis plus de vingt ans, quand le pétrole américain WTI cotait un prix négatif, une première. Il faut dire que les nouvelles sont positives tant sur le front de la demande que sur celui de l'offre, ce qui explique la hausse de ces derniers jours. Les stocks de brut reculent régulièrement, signe d'une demande plus vigoureuse que prévu. "C'est cela que les traders apprécient après une année d'augmentation monstrueuse des stocks", écrivait vendredi Bjornar Tonhaugen, analyste du cabinet Rsytad Energy. Voilà plusieurs semaines, déjà, que le brut est orienté à la hausse, une tendance appuyée par la perspective d'un puissant stimulus budgétaire américain. Les annonces de la nouvelle administration américaine concernant des mesures "restrictives" pour l'industrie pétrolière qui pourraient à terme limiter la production et un plan de relance américain de 1 900 milliards de dollars pourraient notamment conduire à une augmentation de la demande de pétrole aux Etats-Unis. La secrétaire au Trésor américain Janet Yellen a dit espérer un retour au plein emploi en 2022 si le plan de sauvetage de l'économie proposé par Joe Biden était approuvé. La situation sanitaire qui offre des motifs d'optimisme, constitue aussi un soutien à la hausse des prix. Les campagnes de vaccination, même poussives dans certaines régions du monde, laissent entrevoir un retour à la normale de l'activité et contribuent à soutenir les prix du brut depuis janvier. Cette tendance haussière est surtout à mettre à l'actif de la politique de fermeture du robinet d'or noir renouvelée par l'Opep+ lors de son dernier sommet il y a un mois. L'intervention des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) menée de façon conjointe avec leurs alliés de l'Opep+, a permis de sortir les cours du brut de l'abîme. L'Opep+ continue de restreindre sa production pour l'adapter à une demande en berne du fait des mesures de confinement et de restrictions des déplacements, notamment routiers et aériens. La baisse est de l'ordre de 7,2 millions de barils par jour (mbj) en janvier, 7,125 mbj en février puis 7,05 mbj en mars. À cela s'ajoute le million de barils par jour retiré en février et mars 2021, de façon supplémentaire et volontaire, par le chef de file saoudien. Le pire serait-il passé et 2021 sera-t-elle l'année du rebond des prix du pétrole ? Pour la Banque d'Algérie, malgré le redressement récent des prix du pétrole, l'évolution du marché pétrolier reste hypothétique et fortement soumise à la reprise de la demande mondiale, en contexte de signaux conjoncturels positifs et d'annonces de plans de relance économique conséquents. Le cadrage macroéconomique et financier du projet de loi de finances 2021 a retenu un prix fiscal du baril de pétrole autour de 40 dollars.