Frappés de plein fouet par les retombées de la crise sanitaire, une dizaine de propriétaires et gérants de salles des fêtes dans la wilaya de Biskra se sont rassemblés lundi devant le siège de la wilaya pour réclamer la réouverture des salles fermées depuis le début de la pandémie. Les organisateurs de ce sit-in demandent notamment au premier responsable de la wilaya de leur permettre de renouer avec leur activité professionnelle, en berne depuis presque une année, et ce, en respectant littéralement le protocole sanitaire mis en œuvre par les autorités locales, disent-ils. La non-perception depuis des mois de l'aide financière octroyée par l'Etat aux artisans et commerçants touchés par les effets de la Covid-19 est aussi une des raisons de la colère de ces derniers, nous fait savoir un des protestataires, lequel appelle aussi à "l'interdiction de l'organisation des fêtes en dehors de leurs salles". Interrogé par nos soins, Abdelhamid Boutigane, vice-président du comité de wilaya des propriétaires de ces lieux d'évènements festifs, relève de nombreuses difficultés, et invite les services concernés à réfléchir à une solution satisfaisante. "Nous appelons nos responsables à nous trouver une solution. Nous sommes au chômage depuis une longue durée. Depuis le 17 mars 2020, date de la fermeture de nos salles, nous n'avons été payés que pour trois mois", se plaint-il, faisant allusion à la non-perception de l'aide de l'Etat. Et d'ajouter : "Ce ne sont pas uniquement les propriétaires et gérants de ces salles qui sont les seules victimes de cessation de cette activité. Tout le personnel qui a choisi de travailler dans ce secteur et qui peine déjà à gagner sa vie subit lourdement les conséquences de la fermeture. Je pense ici aux cuisiniers, aux serveurs, aux femmes de ménage, aux DJ, aux photographes, aux animateurs de soirées musicales, aux décorateurs...qui sont moins payés. Comment va-t-elle faire, par exemple, une femme de ménage qui attend chaque semaine la célébration d'un mariage pour toucher 1000 DA ? Ces derniers qui assurent la continuité de ce métier sont maintenant au chômage. Comment peuvent-ils subvenir aux besoins des leurs ? Et ce n'est pas tout, d'autres commerces en font également les frais. À l'image de ces vendeurs de fruits et légumes qui nous vendent une bonne partie de leurs marchandises. Quand une quinzaine de salles des fêtes de Biskra cesse de travailler, plusieurs autres commerces sont directement impactés, car nous faisons partie intégrante de leur clientèle assidue. C'est pour cette raison que l'on appelle à la réouverture." Concernant le respect des mesures de prévention contre la contamination, M. Boutigane précise : "Ce n'est pas difficile de respecter le protocole sanitaire, on peut travailler tout en le respectant. Qu'ils nous permettent de travailler, le reste, en s'en occupe. L'on sait comment s'adapter à la conjoncture actuelle." "Comment se fait-il que les mosquées, ces lieux de culte où il est quasiment impossible d'appliquer à la lettre les mesures de protection, soient rouvertes, alors que c'est toujours interdit pour nous ?", s'est-il interrogé. Par ailleurs, certains reprochent aux gérants de ces "espaces de joie" les prix de location exorbitants. Pour le même interlocuteur, les prix appliqués à Biskra sont insignifiants. "Dans les grandes villes du pays, il faut payer au moins de 15 millions pour pouvoir réserver une salle, ce qui n'est toujours pas le cas à Biskra. Ce que l'on demande au client ne dépasse généralement pas 50 000 DA. Où est la cherté dans tout cela ?", s'interroge-t-il, en poursuivant que le montant versé par le client en contrepartie des prestations offertes ne parvient même pas à couvrir la moitié de leurs dépenses, la rémunération du personnel en charge de l'accueil des convives d'une modeste fête de mariage entre autres. Quant aux impôts sur leurs revenus, le vice-président du comité local des propriétaires des salles des fêtes, en colère lundi, affirme qu'ils versent annuellement aux services fiscaux pas moins de 400 000 DA.