Des réunions marathoniennes ont lieu depuis des semaines à l'université Mohamed-Khider de Biskra, traitant de diverses questions liées au bon fonctionnement de la chose pédagogique au niveau des différentes facultés de l'université. La dernière en date de ces rencontres de travail, présidée par Me Ahmed Boutarfaïa, recteur de l'université, et à laquelle ont pris part les doyens de toutes les facultés, ainsi que les chefs des départements et les responsables des équipes de formation de la Faculté des sciences et de la technologie, s'est tenue en fin de semaine dernière et a été principalement consacrée à l'organisation des concours de formation doctorale qui devaient normalement avoir lieu hier samedi, avant d'être reportés sine die pour des raisons, justifie-t-on, organisationnelles. La faculté en question a ouvert les concours dans 10 filières et 23 disciplines. Cette faculté s'est taillé la part du lion en matière de postes ouverts. Les responsables de l'université lui ont réservé, précise-t-on, pas moins de 72 postes qui seront disputés par plus de 5 000 candidats retenus à passer les épreuves de cesdits concours, après étude de leurs dossiers. Contactés par Liberté, un nombre d'enseignants de l'UMK, dont des professeurs, soulignent que l'objectif principal de la réunion tenue à cet effet est de veiller à ce que ces concours se passent dans les meilleures conditions. Laïd Kahloul, ancien chef de département adjoint, récemment promu au rang de professeur, nous fait savoir qu'au niveau du département d'informatique, où il enseignait depuis longtemps, "le nombre important de candidats intéressés par ce concours a obligé les responsables à revoir leurs calculs. C'est pour se préparer au mieux à l'événement, en tenant compte notamment de l'obligation de l'application du protocole sanitaire, que le report s'est imposé. On ne s'attendait pas non plus à enregistrer cette participation record. Les dossiers validés chez nous dépassent, à titre indicatif, le nombre de 900, pour 9 postes. Cela, juste à notre niveau, quid alors pour le reste des départements, surtout quand on sait que l'UMK dispose quasiment de toutes les spécialités des études universitaires ?" explique-t-il, en ajoutant que "l'un des facteurs qui ont fait que ce concours connaisse un tel engouement, vraiment exceptionnel, c'est surtout qu'il est ouvert, sans condition aucune, à tout étudiant algérien détenteur d'un diplôme de mastère, peu importe la moyenne avec laquelle son diplôme est obtenu". De son côté, Azeddine Belakhel, professeur à la faculté d'architecture, sollicité à donner son avis, relève d'énormes difficultés inhérentes à l'organisation de ces épreuves. "Je ne sais pas comment ils vont procéder pour pouvoir accueillir tout ce grand nombre de candidats, venus d'un peu partout. Où vont-ils les héberger ?" s'interrogera-t-il, tout en notant que pour les enseignants-correcteurs, la tâche sera lourde, voire insupportable. "On nous a fixé trois jours pour l'opération de correction des copies. Est-ce possible de corriger le travail de ces milliers de futurs doctorants en l'espace de trois jours ? C'est impossible, et les correcteurs seront débordés." L'on apprend par ailleurs que pour donner plus de crédibilité au concours, le personnel réquisitionné à assurer l'opération d'encadrement ne devrait en aucun cas avoir des proches parmi les prétendants aux postes ouverts dont le nombre avoisine les 300, suivant le tableau de répartition des postes sur les différentes facultés, affiché par l'administration de l'université. D'aucuns ne cachent pas leur mécontentement vis-à-vis de ce concours, à l'exemple du professeur A. B., qui estime qu'"il s'agit du doctorat octroyé à tout-venant, ce qui contribue à minimiser encore plus la vraie valeur de ce haut diplôme". L'idéal, selon notre interlocuteur, serait de "continuer avec la condition sine qua non qui ouvre droit à l'accès au doctorat, à savoir l'obtention de 12/20 de moyenne générale. Maintenant, avec la suppression du critère indiqué, tout le monde peut être docteur, ce qui est une atteinte au savoir". Pour d'autres qui soutiennent mordicus cette décision, "cela s'inscrit dans le cadre de la modernisation et des améliorations apportées au secteur de l'enseignement supérieur, et c'est une décision à saluer car elle offre une opportunité en or aux universitaires assoiffés d'études post-graduées et dont les conditions injustes imposées auparavant ne leur permettaient pas d'atteindre ce droit constitutionnel".