Une vingtaine d'associations tunisiennes ont "exigé" des autorités marocaines de libérer immédiatement l'historien et défenseur des droits humains Maâti Monjib, dénonçant une arrestation "arbitraire et scandaleuse" et "un acte d'une extrême gravité". Dans un communiqué publié mercredi par des médias, 22 organisations dont la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme et l'Organisation contre la torture en Tunisie "ont condamné l'utilisation de la justice pour persécuter cet éminent universitaire et écrivain marocain" pour une affaire "politique" et "injuste". "Nous dénonçons l'arrestation arbitraire et scandaleuse du professeur Maâti Monjib et clamons haut et fort son innocence. Nous exigeons la libération immédiate de Maâti Monjib et la fin de toutes les poursuites injustes à son encontre. Nous sommes déterminés dans notre combat en faveur de M. Monjib. Notre mobilisation se poursuit avec toujours plus de détermination", écrivent les signataires du communiqué. L'historien et militant des droits de l'Homme Maâti Monjib a été arrêté dans des conditions scandaleuses alors qu'il s'apprêtait à déjeuner avec son ami Abdellatif El Hamamouchi dans un restaurant du quartier Hassan à Rabat. Celui-ci a pu témoigner de la scène qui s'est déroulée très rapidement, rappelle-t-on. M. Monjib a été littéralement kidnappé par huit policiers en civil descendus de deux voitures. Cet enlèvement humiliant de M. Monjib sans la moindre convocation de la justice, ce qui est illégal, vise à le discréditer auprès de l'opinion publique alors que M. Monjib a toujours respecté la loi, indique-t-on de même source. "Cet acte d'une extrême gravité fait suite à un acharnement judiciaire, policier et médiatique qui dure depuis cinq ans et qui n'a fait qu'empirer au fil des ans. C'est à partir de novembre 2015 que Maâti Monjib a été pour la première fois convoqué par la justice. Il s'en est ensuivi une vingtaine de convocations qui avaient pour but de le harceler", déplorent les 22 associations tunisiennes. Ces convocations, poursuivent les signataires du communiqué, reposaient toutes sur des accusations mensongères fabriquées de toutes pièces et qui ont changé au fil du temps. Il a été accusé dans un premier temps "d'atteinte à la sécurité de l'Etat", mais cela n'a pas fonctionné faute de la moindre preuve. Il a alors été accusé sans preuve de "blanchiment d'argent". D'après la même source, le but étant de donner "à l'affaire Monjib" une apparence de droit commun pour mieux le décrédibiliser alors qu'il s'agissait de s'en prendre au militant des droits de l'Homme. Malgré ces attaques diffamatoires, M. Monjib respectueux de la loi s'est toujours rendu à toutes les convocations judiciaires. Parallèlement à ces accusations et à ces convocations judiciaires, M. Monjib s'est vu interdire de quitter le territoire marocain, interdire d'enseigner et de faire des conférences, interdire de se rendre à des rencontres universitaires internationales, rappellent en outre les associations tunisiennes. Elles soulignent également dans leur communiqué que l'arrestation de Maâti Monjib "est à situer dans un contexte de condamnations de plusieurs journalistes, de militants du Hirak du Rif, et de citoyens engagés, dont le seul crime est de lutter pour la démocratie et la justice sociale". Ainsi, le Maroc "démontre qu'il est en train de sombrer dans un système politique autoritaire et répressif", conclut le communiqué.