Manifestations n La tension commence à monter dans le royaume avec le recours à la force pour disperser un sit-in de jeunes. Un sit-in organisé, hier, lundi, en début de soirée par les jeunes du Mouvement du 20 Février, à Rabat, au Maroc, a été réprimé par la police soutenue par des forces auxiliaires du ministère de l'Intérieur marocain. Pour disperser la foule et empêcher ce rassemblement à la place Bab El-Had, située près de la Médina, les forces de sécurité ont fait usage de matraques. Certains manifestants ont effectivement affirmé que la police a eu recours à la violence pour casser la manifestation. La présidente de l'Association marocaine des droits humains (Amdh), Mme Khadidja Riadhi, venue soutenir le rassemblement, a été agressée et transportée à l'hôpital de la ville. Le vice-président de l'Amdh, Abdelillah Benabdeslam, a souligné que la présidente de l'Amdh a reçu un violent coup à l'abdomen, asséné par un civil, lors d'affrontements avec des contre-manifestants, ajoutant que trois autres militants de l'association ont également été blessés. La police a aussi poursuivi les manifestants jusqu'à l'entrée de la Médina. Ces derniers ne cessaient de scander : «Nous voulons le changement, nous voulons la démocratie et la liberté.» La police a ensuite formé un cordon et un dispositif pour empêcher les citoyens de rejoindre la place où devait se tenir le sit-in. Il est à rappeler que Mme Riadhi avait déclaré auparavant que son organisation condamnait l'intervention des forces de police pour réprimer une manifestation pacifique de jeunes qui ne faisaient que s'exprimer sur le devenir de leur pays. «Nous sommes ici pour soutenir ces jeunes qui ont pris l'initiative de ce mouvement», a-t-elle déclaré, en précisant, en parlant de l'Amdh : «Nous continuerons chaque fois à les appuyer dans leurs revendications.» Les animateurs de ce sit-in, à savoir le Mouvement du 20 Février, ont décidé de tenir des sit-in chaque fin d'après-midi à la place Bab El-Had, en attendant un rassemblement la semaine prochaine à Rabat pour de nouvelles actions. Les manifestations du lundi soir surviennent au lendemain de manifestations qui se sont déroulées dans de nombreuses villes marocaines pour réclamer des réformes politiques. Les manifestations de dimanche répondaient notamment à l'appel lancé par un groupe de jeunes Marocains sur Facebook. Dans un discours qu'il a prononcé au lendemain des manifestations de dimanche dernier, le roi du Maroc, Mohammed-VI, a déclaré qu'il ne céderait pas à «la démagogie» et qu'il continuerait à aller vers la concrétisation «du modèle marocain», dont le caractère est «irréversible», dit-il. Le roi du Maroc qui s'exprimait à l'occasion de la mise en place d'un Conseil économique et social (CES), a affirmé sa décision de poursuivre «la réalisation des réformes structurantes, suivant une feuille de route dotée d'une vision et d'objectifs clairement définis».