C'est le Premier ministre Abdelaziz Djerad qui a révélé, hier, qu'un mandat d'arrêt international a été lancé contre l'ancien P-DG de Sonatrach dans le cadre de l'affaire du rachat de la raffinerie d'Augusta. Un mandat d'arrêt international a été lancé "contre le principal responsable dans l'affaire Augusta", une raffinerie en Italie, rachetée en mai 2018 par le groupe Sonatrach, a déclaré, hier, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, lors d'une visite à Hassi R'mel (Laghouat), à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures. Le Premier ministre a indiqué qu'une enquête est déjà en cours sur cette transaction douteuse, laissant comprendre que le premier accusé dans cette affaire n'est autre que l'ex-PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, qui serait actuellement à l'étranger. C'est sous sa direction que cette plateforme de raffinage a, en effet, été acquise. La justice a été saisie de l'affaire d'Augusta dès l'été dernier. Elle a placé en "détention provisoire" l'ex-vice-président du groupe Sonatrach et conseiller d'Abdelmoumen Ould Kaddour, Ahmed Mazighi. Ce dernier est poursuivi pour " dilapidation de l'argent public" et "abus de fonction". Avant que l'affaire ne soit portée devant la justice, Augusta avait suscité une grosse polémique. En effet, pour beaucoup, Sonatrach avait fait une mauvaise affaire, en décaissant 700 millions de dollars pour racheter une raffinerie vieille de 70 ans. Augusta a été construite en 1949 et mise en service en 1950 sous le nom de Rasiom (Sicilian Refineries Oils Minerias). De plus, le site était confronté à de gros problèmes d'ordre environnemental que Sonatrach devait régler à ses frais. La compagnie nationale devait également y engager des travaux de maintenance. Elle a, d'ailleurs, contracté un prêt de 100 millions de dollars pour pouvoir les effectuer. Sonatrach avait ainsi fourni de l'argent supplémentaire bien au-delà du coût de l'acquisition de la raffinerie. Abdelmoumen Ould Kaddour était resté inflexible face aux critiques, continuant à défendre la transaction, en mettant en avant le fait que la raffinerie est un site opérationnel, que l'Algérie importe plus de deux milliards de dollars de produits raffinés et que la raffinerie de Hassi Messaoud — en chantier aujourd'hui et qui devrait suppléer aux insuffisances en matière de production de carburants — coûtera entre 3 et 4 milliards de dollars, c'est-à-dire plus cher qu'Augusta. Il affirmait également que cette raffinerie pouvait traiter à la fois du Sahara Blend (pétrole algérien) ainsi que du fuel résiduel issu de la raffinerie de Skikda et que le site s'intégrera directement dans le système de raffinage de Sonatrach. Finalement, il y a très clairement tromperie sur la marchandise lorsque l'on sait que Sonatrach s'est retrouvée obligée d'acheter du pétrole lourd auprès de l'Arabie saoudite pour alimenter la raffinerie d'Augusta et en tirer des produits pétroliers. Pour ce faire, elle s'est fait accorder 150 millions de dollars en prêt auprès de l'Arab Petroleum Investment Corporation, Apicorp. Augusta est dotée d'une capacité de traitement de 10 millions de tonnes par an. Ce qui devait en faire la deuxième raffinerie de Sonatrach. Le site reçoit principalement du pétrole brut et d'autres matières premières et produits semi-finis par voie maritime. Raffinerie complexe, elle possède des usines à la fois pour le raffinage primaire et la conversion pour la transformation en produits finis. Elle dispose également d'usines pour la production de bases lubrifiantes, de paraffines et de bitumes.