Attendu comme un événement majeur pour le 4e art, le théâtre La Fourmi, premier établissement culturel et artistique privé algérien, a été inauguré dimanche dernier par la ministre de la Culture à l'hôtel Liberté d'Oran, dans le quartier de l'USTO. Mais tout le monde s'accorde à dire que le mérite d'un tel projet revient à son promoteur, Mohamed Affane, propriétaire de Liberté et figure incontournable de la scène artistique locale et nationale, qui a investi son temps et son énergie pour la réalisation de cette salle de 122 places. Lors de l'inauguration officielle de cet espace, Mohamed Affane n'a pas hésité à affirmer que "ce théâtre, c'est votre théâtre". À ce propos, il nous explique que "cet espace est un espace de liberté, un espace d'expression ouvert à tout le monde et plus particulièrement aux jeunes qui veulent s'exprimer et se faire connaître". Il espère également que leur passage par la case La Fourmi leur permettra de faire décoller leur carrière. "On souhaiterait un peu être des découvreurs de talents", ajoute-t-il. Concrètement, "nous allons recevoir des jeunes pour les évaluer sur le plan artistique. Ils seront auditionnés par des spécialistes ; on les conseillera aussi si cela est nécessaire", précise Mohamed Affane, qui prend en exemple une jeune danseuse classique d'à peine 16 ans qui a débuté à La Fourmi et évoquera l'espace de 800 m2 dédié pour une académie de musique et de danse classique qui ouvrira ses portes au plus tard dans un mois. Pour lui, cette aventure répond à une réalité qu'il a connue en France avec ce désir de mettre en valeur et de faire connaître des artistes talentueux qui n'ont pas l'opportunité de donner la mesure de leur talent faute d'espace d'expression. "C'est grâce à la multiplication des cafés-théâtres que l'on peut découvrir les nouveaux talents artistiques", indique-t-il encore, en évoquant l'impact sur le paysage artistique français des célèbres cafés-théâtres qui avaient propulsé des comédiens majeurs de la scène artistique hexagonale. Pour Mourad Senouci, dramaturge et homme de culture, et qui a représenté l'apport du ministère de la Culture pour l'accompagnement du projet, l'ouverture de ce théâtre "est un rêve qui se réalise". Il pense que "ce n'était pas si difficile que cela et qu'il fallait juste de la conviction et un engagement pour le projet et des moyens pour le réaliser". Son souhait est de voir la multiplication de tels espaces, qu'ils soient publics ou privés, estimant que dans la culture "il faut dépasser le clivage entre le public et le privé avec chacun ses spécificités". À ce propos, il explique que vu l'immense déficit enregistré en termes de théâtres, il n'y aura aucun problème pour que les deux secteurs cohabitent, en espérant que cette expérience "fasse tache d'huile dans tout le pays". Un sentiment partagé par Mohamed Affane, qui a décidé d'offrir son aide technique, à titre gracieux, à des structures hôtelières étatiques pour la mise en place de salles de théâtre à l'intérieur de leurs murs. À ce sujet, une convention de partenariat a été signée entre le Groupe hôtellerie, tourisme et thermalisme (HTT) et l'Eurl Hôtel Liberté pour la réalisation d'actions qui se rapportent à l'organisation d'événements culturels au niveau des unités du Groupe HTT. Il sera aussi question d'accompagner et de former les personnes chargées de l'animation de l'espace culturel au niveau de ces unités, ainsi que de l'élaboration des différents programmes culturels, entre autres actions. Dix unités ont ainsi été choisies, dont l'hôtel Tahat à Tamanrasset qui donnera le coup d'envoi à ce partenariat le 27 mars prochain. Rappelons que La Fourmi se décline en quatre grands axes artistico-culturels revisitant le one man show, la littérature, le cinéma et la musique. Aussi, son programme, mensuel dans un premier temps puis trimestriel pendant et après le Ramadhan, consacrera ces différents genres avec la programmation de la pièce théâtrale El hakni lejbal el wakwak, avec Tarek Bouarara et Adila Bendimerad, qui était à l'affiche les 8, 9 et 10 mars. Les Drôles Madaires seront sur scène, quant à eux, les 26 et 27 mars. Côté cinéma, c'est le film Kindil el bahr, de Damien Ounouri, qui sera projeté dès aujourd'hui jusqu'au 13 mars. Pour la musique, c'est Nesrine Ghenim qui sera derrière le micro les 18 et 19 du même mois, alors que Maïssa Bey animera une rencontre littéraire une journée plus tard. Pour rappel, cet établissement a été réalisé en quatre mois ; autant dire un record en pleine pandémie. Une autre salle de spectacle de 400 places est également prévue dans le quartier de l'USTO.