Plus d'une trentaine d'eurodéputés du Parti de la gauche européenne ont appelé à la libération des prisonniers politiques du Hirak du Rif au Maroc, se déclarant préoccupés par la santé de ces détenus, dont le leader du mouvement de contestation, Nasser Zefzafi, et le militant Mohamed Jalloul, qui avaient observé une grève de la faim en février dernier. Dans une lettre adressée récemment à l'ambassadrice de l'Union européenne (UE) à Rabat, les 37 parlementaires ont demandé à la diplomate allemande Claudia Wiedey "de réagir publiquement à l'état de santé inquiétant des prisonniers politiques du Rif", en appelant le gouvernement marocain à fournir aux détenus l'accès aux soins médicaux adéquats et à autoriser les visites de leurs familles et de leurs avocats. Ils ont, à ce titre, souligné "la nécessité urgente de répondre aux appels à la libération lancés par la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet" et "d'apporter tout le soutien nécessaire aux prisonniers politiques du Hirak" au Maroc. "Le Maroc a des obligations qu'il doit remplir. L'UE doit cesser d'ignorer les violations constantes que le régime marocain commet contre les populations rifaines", a déclaré l'un des auteurs de la missive, Miguel Urban, eurodéputé espagnol fondateur du parti Podemos, mettant en garde contre "le risque encouru par les prisonniers politiques dans le contexte de la pandémie en raison des conditions précaires dans les prisons". "Nasser Zefzafi, en tant que représentant du mouvement Hirak, a été en 2018 l'un des finalistes du Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit et cela engage également le Parlement à veiller à son bien-être", ont-ils écrit. Figure de proue du Hirak du Rif, Nasser Zefzafi a mené une série de grèves de la faim depuis son arrestation en mai 2017 pour contester son arrestation et améliorer les conditions de sa détention. Zefzafi et huit autres détenus du mouvement ont observé, en janvier dernier, une grève de la faim de 48 heures pour dénoncer la politique de la mainmise sécuritaire au Maroc face à la liberté de la presse et d'expression et au droit de manifester pacifiquement. En avril 2019, la justice marocaine a confirmé le jugement initial de 20 ans d'emprisonnement contre Nasser Zefzafi et trois autres meneurs de la contestation qui a agité en 2016 et 2017 la région marocaine du Rif. Les autres peines vont de 1 à 15 ans de réclusion.