Les praticiens de la santé avaient menacé, début février, de reprendre la contestation, après avoir observé une trêve qui a duré presque deux ans, dans un contexte de révolution populaire et de crise sanitaire due à la pandémie de coronavirus. Les praticiens et d'autres professionnels de la santé publique s'apprêtent à renouer avec la contestation, après avoir attendu une réponse ou un geste de la tutelle quant aux problèmes qu'ils rencontrent, sur fond d'entraves permanentes à l'exercice syndical. Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) décidera, au début de la semaine prochaine, en concertation avec d'autres syndicats du secteur, "du plan d'action" et des "formes de protestation" à entreprendre, a indiqué, hier, à Liberté, son président Lyès Merabet, précisant que le bureau exécutif du syndicat a été mandaté pour prendre les mesures nécessaires et les décisions à même de faire entendre la voix des professionnels de la santé publique. Le SNPSP a validé "le principe du retour à la protestation", a expliqué M. Merabet, lors d'une réunion tenue lundi, indiquant que "le SNPSP tiendra une réunion lundi prochain, en concertation avec d'autres syndicats du secteur de la santé pour décider des actions à entreprendre". Le SNPSP dénonce, en effet, la fuite en avant, et ce, depuis des mois, du ministère de la Santé, faisant part de "la persistance des entraves à l'exercice syndical à Alger et dans plusieurs autres wilayas du pays, où nos collègues sont constamment harcelés et certains ont même été suspendus". Ce problème est l'un "des points que nous avons abordés en premier avec le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, qui nous a reçus le 2 mars, lors d'une réunion que nous n'avons pas terminée à cause d'un imprévu qui a obligé le ministre à l'interrompre. Et depuis, rien !", a confié M. Merabet, soulignant que les praticiens de la santé ne savent plus à qui s'adresser. "Nous subissons des blocages à tous les niveaux et l'accès au ministère de la Santé est fermé, car nous n'arrivons à joindre ni les directeurs centraux ni aucun autre responsable du département ministériel", a ajouté le président du SNPSP, notant que "même l'information ne parvient pas au ministre de la Santé, qui nous a affirmé ne pas être au courant de certains problèmes". Pis encore, "nos dossiers sont ballottés d'un responsable à un autre", regrette M. Merabet. Le président du SNPSP accuse la tutelle de fuir ses responsabilités et de fermer les portes du dialogue, ce que dénoncent, par ailleurs, d'autres syndicats issus d'autres secteurs de la Fonction publique et qui n'écartent d'ailleurs pas de recourir prochainement, eux aussi, à la grève. Outre les conditions de travail, de plus en plus difficiles et éreintantes, que les praticiens de la santé dénoncent, le SNPSP réclame la mise en place d'une "Fonction publique propre au secteur de la santé publique", "la classification des nouveaux diplômes de doctorat en médecine dentaire et de doctorat en pharmacie dans la grille des salaires de la Fonction publique", un des dossiers qui attend dans le bureau du ministère de tutelle depuis 2012, tandis que les indemnités et primes des professionnels du secteur, qui travaillent dans les régions du Sud et des Hauts-Plateaux, demeurent calculées sur l'ancien salaire de base de 1989. Dans ce contexte de crise sanitaire, les praticiens de la santé sont en première ligne dans la lutte contre la Covid-19. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s'est engagé à leur verser des primes, en récompense à leurs efforts, mais beaucoup d'entre eux n'ont reçu qu'une partie de cet argent, alors que certains attendent toujours leur dû. Face à tous ces problèmes, les professionnels de la santé publique affiliés au SNPSP ont fini par perdre patience, estimant que seule la protestation est capable de faire bouger les choses au plus haut niveau. Lyès Menacer