Les économies du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (Mena), qui auront le plus vacciné leur population contre la Covid-19, retrouveront l'an prochain leur niveau d'avant la pandémie, a affirmé, hier, le Fonds monétaire international (FMI), relevant ses prévisions de croissance régionale pour 2021. Globalement, prévoit l'institution financière internationale, la croissance du PIB réel au Moyen-Orient et en Afrique du Nord devrait se redresser à 4% cette année. Ces prévisions masquent, toutefois, d'importantes disparités entre les pays, indique le FMI dans son rapport sur les perspectives économiques régionales. "La croissance devrait accélérer dans la région, mais le chemin vers la reprise reste long et inégal selon les pays, dont de nombreux sont à la traîne", souligne Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI. Les vaccinateurs précoces ont vu leurs perspectives de croissance pour 2021 améliorées par rapport aux projections d'octobre, avec un produit intérieur brut (PIB) qui devrait retrouver son niveau de 2019 en 2022. Ce n'est pas le cas de l'Algérie qui fait partie du groupe des vaccinateurs plus lents. Les 13 pays et territoires de ce groupe, dont fait partie l'Algérie, "ont commencé, mais la couverture vaccinale est limitée et ils ne devraient sans doute pas obtenir d'immunisation significative de leur population avant au mieux la mi-2022, à moins d'efforts supplémentaires", estime le FMI. "Un aspect particulièrement préoccupant pour la suite tient à la hausse de la dette publique et aux tensions financières croissantes, qui se sont aggravées au cours de l'année écoulée et entraveront l'action des pouvoirs publics", relève Jihad Azour. La pandémie de Covid-19 a entraîné une forte augmentation de la dette publique. Les banques locales ont couvert une part non négligeable des besoins de financement des pays émergents, du Moyen-Orient et d'Asie centrale, accentuant ainsi leur exposition déjà substantielle au secteur public. Avant la crise sanitaire, l'exposition des banques locales au risque souverain dépassait 45% en Algérie, fait remarquer le FMI. "Si les pays continuent de recourir à des financements locaux, la capacité des banques à aider le secteur privé à sortir de la crise en sera amoindrie, ce qui ralentira la reprise", avertit le rapport. Ce dernier estime que le renchérissement du pétrole devrait soutenir les soldes budgétaire et extérieur des pays exportateurs de pétrole et favoriser la reprise hors secteur pétrolier, même si les réductions de production décidées par les pays de l'Opep+ limitent les effets sur la croissance globale. Le FMI note que les prix du pétrole sont remontés depuis le dernier trimestre 2020, reflétant la progression de la demande mondiale, mais aussi les accords passés entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et d'autres producteurs importants (Opep+) pour continuer à réduire la production de pétrole et l'annonce de nouvelles réductions par l'Arabie saoudite. Après une chute à 27 dollars le baril en avril 2020, les cours ont atteint 67 dollars le baril à la mi-mars 2021, soit environ 4,5% de plus que la moyenne de 2019. "Les courbes des prix à terme laissent entrevoir des cours proches des niveaux actuels dans les prochains mois, s'établissant à 57 dollars le baril à fin 2021, avant de redescendre à 53 dollars en 2022 en raison de l'augmentation de l'offre, demeurant ainsi inférieurs à leur niveau moyen de 2019 (64 dollars)", projette l'institution financière internationale.