Le produit intérieur brut (PIB) de l'Algérie pourrait se contracter de -8,0% au terme de 2020. Ce sont du moins les projections du Crédit Agricole qui vient de publier ses dernières "Prévisions économiques et financières". Le groupe bancaire français estime, néanmoins, que la croissance du PIB devrait rebondir de +2,9% en 2021 et de 2,0% en 2022. La loi de finances 2021 table sur une croissance du produit intérieur brut de 3,98%, contre une prévision de clôture en terrain négatif cette année de -4,6%. Pour la période 2021-2023, le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait s'établir à 4%. Le FMI prévoyait, en octobre dernier, une contraction de -5,5% du PIB de l'Algérie pour cette année, avant de rebondir à 3,2% en 2021. La Banque mondiale est moins optimiste. Pour elle, l'économie devrait se contracter considérablement en 2020 du fait de la pandémie de Covid-19 et des grandes incertitudes entourant la durée des crises sanitaire et économique. L'institution de Bretton Woods prévoit une récession de -6,5%. Une reprise partielle est possible en 2021 et 2022 en cas de remontée partielle de la demande, de la production et des exportations d'hydrocarbures, et si un ensemble de réformes structurelles propres à rétablir la confiance et à encourager les investissements privés sont mises en œuvre. Sur un autre plan, les poussées inflationnistes devraient connaître une accélération. Selon les anticipations du groupe bancaire français, le taux d'inflation moyen devrait passer à 3,8% en 2021 et atteindre 5,0% en 2022. Selon l'Office national des statistiques (ONS), le taux d'inflation moyen annuel en Algérie était de 2,3% à fin novembre dernier. Il était de 2,2% à fin octobre 2020 et de 2% à fin septembre de la même année. La loi de finances 2021 prévoit une accélération de l'inflation pour atteindre 4,5% l'année prochaine, puis une légère décélération à 4,05% en 2022. Le compte courant de l'Algérie devrait, par ailleurs, afficher un solde négatif de 13% du PIB en 2020 avant de baisser à -11% en 2021 et à -7% en 2022. Remontée des prix du pétrole Les prévisions du groupe bancaire français tablent sur un prix du pétrole de 46 dollars en 2021 et 53 dollars par baril en 2022. Ces prix permettraient à la production de pétrole américaine de rester stable légèrement au-dessus de 16 millions de barils par jour. "Notre scénario est donc basé sur une double hypothèse : absence de guerre des prix entre les grands producteurs et production iranienne toujours bridée par les sanctions américaines, malgré quelques possibles dérogations octroyées par la future administration." Selon le Crédit Agricole, la production de l'Opep+ devrait rester relativement respectueuse des quotas, malgré une détérioration par rapport à 2020. La demande de pétrole, poussée par l'Asie, retrouverait les niveaux de fin 2019 à partir de la mi-2022. La demande de pétrole des pays de l'OCDE resterait, elle, toujours inférieure à celle de 2019. Le groupe bancaire français indique que malgré une baisse des stocks notamment aux Etats-Unis, le marché pétrolier reste fragile et exposé aux risques économiques de la Covid-19 et à d'éventuels risques géopolitiques, consécutifs à un possible changement de la politique américaine au Moyen-Orient. "Cette fragilité du marché et la difficulté d'appréhender la reprise de la consommation avec l'arrivée des premiers vaccins ont certainement été au cœur des discussions de l'Opep+ début décembre", estime le Crédit Agricole. Tiraillée entre les producteurs convaincus de la reprise de la demande et l'Arabie saoudite plus réservée sur cette vigueur, l'Opep+ a mis plusieurs jours à trouver un compromis sur de nouveaux quotas. Le groupe bancaire français constate que plusieurs indices pointent vers un rebond de la consommation de pétrole, soutenu par la reprise de l'économie mondiale et des échanges commerciaux. "La demande en pétrole de la Chine, son trafic aérien domestique ont retrouvé leurs niveaux de fin 2019, tout comme la consommation de diesel aux Etats-Unis. Les vaccinations de masse suscitent de grandes espérances quant à une fin des politiques de confinement et à leurs conséquences sur la demande de pétrole", relève-t-il. Le Crédit Agricole estime que les réductions de production de l'Opep+ devraient encore assurer l'équilibre du marché pétrolier. "Si l'Opep+ a respecté jusqu'à présent les engagements de réduction, grâce notamment à ses membres les plus importants et influents, l'entente et la cohésion du groupe présentent aujourd'hui quelques fissures", indique le groupe bancaire français. Certains producteurs comme l'Irak, la Russie ou même les Emirats arabes unis, pourtant alliés de l'Arabie saoudite, pourraient être tentés de dépasser leurs quotas de production.