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La libération des détenus d'opinion réclamée
Plusieurs marches organisées hier dans différentes wilayas

Par un froid glacial et des chutes de pluie intermittentes, les Constantinois ont réitéré pour le 8e vendredi consécutif depuis la reprise du hirak, leur attachement aux revendications du soulèvement populaire.
Marquée par des appels appuyés pour la libération des détenus d'opinions, notamment les activistes du hirak arrêtés ces derniers jours et la cessation des harcèlements judiciaires qui pèsent sur les hirakistes, la marche d'hier n'a pas dérogé aux rituels de ce rendez-vous hebdomadaire même si les conditions climatiques et le jeûne ont quelque peu dissuadé les manifestants à rejoindre massivement la procession.
À Oran, des centaines de citoyens sont descendus dans la rue pour réitérer les revendications portées par le Hirak depuis le 22 février 2019. Si de nouveaux slogans ont vu le jour, à la faveur des développements de la situation politique en Algérie, l'essentiel des messages adressés aux tenants du pouvoir n'ont pas changé : primauté du civil sur le militaire, disqualification du pouvoir en place, libération des détenus politiques, indépendance de la justice, liberté de la presse, respect des libertés individuelles et collectives, etc.
Après avoir chanté leur vœu d'une deuxième République fondée sur la justice sociale, les manifestants, dont des femmes et des enfants, ont repris le chemin du retour vers la place du 1er-Novembre. Tout le long du front de mer, ils ont repris les slogans phares du Hirak, réitérant ainsi leur volonté de poursuivre la lutte en dépit de la répression. Les manifestants dont beaucoup brandissaient des pancartes "Free prisoners" ont, par ailleurs, exprimé leur inquiétude pour les détenus du Hirak qui se trouvent en grève de la faim et réclamé leur remise en liberté.
À Bordj Bou-Arréridj, malgré le froid, la pluie et un important dispositif sécuritaire, la marche n'a rien perdu de son caractère festif, avec le son des tambours qui lui imprime l'ambiance des stades. Aux cris de "Dawla madania, machi askaria !" (Etat civil, non militaire), "Wallah mana habsine" (Nous n'abdiquerons jamais), la marche s'est ébranlée depuis Lagraphe avec les slogans habituels : "Libérez nos enfants, ils n'ont pas vendu de la cocaïne", "libérez nos enfants, pour qu'ils jeûnent avec nous", etc.
Même topo à Sétif. Ni le mauvais temps ni le carême n'ont affecté la détermination des manifestants à marcher. Dès la fin de la prière de vendredi, ils ont rejoint le lieu habituel de rencontre, à savoir le centre-ville de Sétif. Ils se sont regroupés près du siège de la wilaya avant de sillonner plusieurs autres artères du centre-ville.
Drapés de l'emblème national et brandissant des banderoles portant des slogans appelant à un Etat de droit et de libertés et autres pancartes portant les slogans habituels dont "Pour un Etat de droit", "Dawla madania machi askaria" (Pour un Etat civil et non militaire), les hirakistes ont scandé aussi des slogans d'ordre social. Sur une pancarte, on pouvait lire notamment : "Ni huile "ni poisson"; "à 42 ans, je suis toujours chômeur". à Annaba, la marche a mobilisé plusieurs centaines de personnes.
Tout aussi déterminés que lors des précédents rassemblements, les manifestants ont sillonné en boucle les principales artères et tout particulièrement le cours de la Révolution, en brandissant banderoles et pancartes tout en scandant les slogans habituels du Hirak. Ce vendredi encore les services d'ordre ont été discrets, limitant le dispositif de sécurité à deux fourgons installés à proximité du siège de la wilaya.
A Béjaïa, les manifestants ont investi la rue malgré la pluie qui n'a pas arrêté de tomber depuis 48 heures au moins. Ils étaient des centaines à prendre part à la marche du Hirak, confirmant, du coup, le regain de mobilisation constaté lors de la marche du vendredi précédent.
Munis de parapluies et avec le drapeau national ou l'embléme amazigh, les manifestants ont réitéré le message habituel : "Primauté du civil sur le militaire". Tout le long de leur itinéraire, ils ont scandé : "Abane khela awsaya, dawla madania, machi askaria" (Abane (Ramdane) a laissé une recommandation, Etat civil, non militaire). Autres slogans scandés : "Algérie libre et démocratique" ou "Ulac l'vot, ulac" (Pas de vote ou pas d'élections), etc.
À Tizi Ouzou, au moins deux nouveaux ingrédients, de nature à affaiblir sinon à réduire la mobilisation habituelle du vendredi, étaient venus s'ajouter à la longue liste des facteurs démobilisateurs déjà subis par le passé mais, au final, il n'en était rien.
La marche d'hier a fini, visiblement, par donner raison à ceux qui brandissaient depuis déjà longtemps les pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Rien ne peut arrêter un peuple sur le chemin de son destin". Comme à l'accoutumée, à 13 heures déjà, les premiers groupes de manifestants sont venus sortir la ville de son silence de la matinée.
A 13h30, la foule des grands jours était là, sous une pluie battante, sur l'esplanade du stade du 1er-Novembre à attendre l'imposant groupe de manifestants qui arrive de la ville, dans le sens inverse, à la sortie des mosquées.
A peine celui-ci arrivé, la foule plus impressionnante que le vendredi passé, s'ébranle aux cris de "Ulac L'vot Ulac", "Makache Intikhabate Mâa El îssabat" (pas d'élection avec la bande), ou encore "Nidhal Nidhal Hata Yaskout Nidham", (La lutte jusqu'à la chute du système), "Djazair Houra Democratia", "Libérez les détenus", "Thilleli i Mehvas N'aray", etc.
Les premiers carrés ont déjà largement dépassé la trémie du centre ville et s'approchait de la place de l'Olivier, point de chute de toutes les marches, alors que les derniers carrés venaient à peine de quitter le boulevard Lamali-Ahmed qui longe le CHU Nedir-Mohamed. Certains carrés ont mis le cap sur la libération des détenus d'opinion en brandissant des portraits dont celui de Mohamed Tajadit et Lounès Hamzi, et en scandant "libérer les détenus".

K. GHIMOUZE/S. OULD ALI/C. BOUARISSA
F. SENOUSSAOUI/M. OUYOUGOUTE/S. LESLOUS


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