Le harcèlement permanent contre les militants de la révolution populaire, les journalistes et membres de la société civile continue de susciter colère et indignation chez les défenseurs des droits de l'Homme et organisations de la société civile. "La criminalisation du Hirak et les atteintes graves aux droits et libertés des Algériennes et des Algériens engagés dans le Hirak pacifique se poursuivent", constate le collectif Nidaa 22, dans un communiqué rendu public, hier, dénonçant "le refus de la chambre d'accusation de la cour d'Alger de libérer les 22 jeunes manifestants en grève de la faim depuis le 7 avril dernier, dont l'état de santé est très préoccupant". Arrêtés le 3 avril dernier, lors de la marche du samedi, ces jeunes manifestants estiment que leur arrestation est "injuste" et leur détention "arbitraire", selon leurs avocats qui ont plaidé, mercredi, pour leur libération provisoire, convaincus qu'ils n'ont fait qu'exercer leur droit à manifester pacifiquement, dans le pur cadre constitutionnel. "On ne peut pas accepter que les libertés soient bafouées, que des gens soient réprimés et passent des jours entiers dans les prisons, pendant que leurs familles souffrent, sans la moindre considération pour la liberté, pour la dignité humaine et pour la loi", a d'ailleurs affirmé Me Abdelghani Badi, lors de son intervention jeudi au siège du Mouvement démocratique et social (MDS), dans le cadre d'une conférence de presse organisée par le Comité algérien contre la torture et les conditions carcérales inhumaines. Evoquant les détenus politiques et d'opinion, récemment arrêtés et dont une trentaine a été placée sous mandat de dépôt, rien que durant ce mois d'avril, l'avocat et membre du collectif de défense des détenus d'opinion s'est encore élevé contre l'instrumentalisation de la justice par le pouvoir en place pour, a-t-il dit, casser l'élan de mobilisation populaire du 22 février 2019, surtout que nous sommes à la veille d'une nouveau scrutin contesté : les législatives anticipées du 12 juin prochain. "Ils leur ont collé les accusations de rassemblement non armé, d'appel à attroupement illégal, mais tout le monde sait que ces manifestants n'ont pas outrepassé le simple droit constitutionnel à manifester pacifiquement", a-t-il dénoncé, joignant sa voix à celle de Nidaa 22 qui "condamne fermement la campagne d'incarcération et de harcèlement policier et judiciaire contre les manifestants et acteurs du hirak, et les journalistes, notamment l'arrestation de Rabah Karèche à Tamanrasset". Nidaa 22 dénonce également "le recours à ces procédés policiers et autoritaires, ainsi que le matraquage médiatique qui viole impunément le principe de la présomption d'innocence", dont le dernier en date concerne l'affaire Mohamed Tadjadit et ses amis, en détention provisoire. Leur dossier sera examiné demain par la chambre d'accusation, près la cour d'Alger. "Nidaa 22 revendique (aussi) la libération des membres de SOS Bab El-Oued et la levée des poursuites contre eux, ainsi que la libération immédiate de tous les détenus du Hirak partout dans les wilayas du pays."