Le régime intensifie sa répression contre le hirak. Après Karim Tabbou, c'était au tour du militant Samir Benlarbi d'être placé en détention provisoire, hier, par le tribunal de Bir Mourad Raïs d'Alger, pour «atteinte à l'unité du territoire national» et «diffusion de tracts susceptibles de porter atteinte à l'intérêt national», a affirmé l'avocat et le défenseur des droits de l'homme Mustapha Bouchachi. «Ces poursuites sont contraires aux procédures. Il n'y a pas de véritable crime qu'aurait perpétré Samir Benlarbi», a-t-il fustigé dans une déclaration publique à la sortie du tribunal de Bir Mourad Raïs. Selon lui, les poursuites engagées par le régime contre des militants du hirak ont «des arrière-pensées politiques auxquelles on tente de donner un caractère légal». L'incarcération d'un des membres les plus actifs du hirak intervient quelques jours seulement après le placement en détention préventive de l'opposant Karim Tabbou, coordinateur national de l'Union démocratique et sociale (UDS), par le juge d'instruction près le tribunal de Koléa pour «atteinte au moral des troupes» de l'armée. Le militant Samir Benlarbi a été «kidnappé par des individus qui se sont présentés comme étant des éléments des services de sécurité et conduit vers une destination inconnue», a dénoncé, avant-hier, l'avocat Abdelghani Badi, membre du collectif de défense du porte-parole de l'UDS. Comme celle de Karim Tabbou, l'incarcération de l'ex-membre du mouvement d'opposition Barakat a provoqué une vague d'indignation au sein de la classe politique et de la société civile. Réagissant à son interpellation, le président du RCD, Mohcine Belabbas, a dénoncé une «violation de la loi» et des «accusations préfabriquées», avant d'appeler à la libération des détenus du hirak. Pour sa part, le FFS a condamné cette énième «arrestation dans des circonstances obscures et inadmissibles». Il a réclamé l'«arrêt immédiat des intimidations policières et juridiques et la libération de tous les détenus politiques et d'opinion comme gage de bonne volonté et l'introduction à toute initiative de sortie de crise». Le président du RAJ, Abdelouhab Fersaoui, a fustigé, quant à lui, les agissements «scandaleux» du régime «qui ne participent pas à l'apaisement de la situation du pays et ne feront qu'envenimer le climat politique délétère». De son côté, la LADDH, tout en affichant sa solidarité avec Samir Benlarbi, s'est indignée face à ces nouvelles «atteintes aux libertés publiques». Décidé de passer en force en fixant la date de l'élection présidentielle au 12 décembre, rejetée toutes les semaines par les manifestants, le pouvoir a durci ces derniers temps sa répression contre le hirak. Vendredi dernier, 22 manifestants, interpellés lors du 30e vendredi, le 13 septembre à Alger, ont été placés en détention provisoire par le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed pour «incitation à attroupement», «incitation à attroupement sur les réseaux sociaux» et «atteinte à la sécurité de l'Etat», selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Arrêtés, dimanche dernier à Constantine, lors d'une marche contre l'élection présidentielle réprimée par la police, trois manifestants, présentés le lendemain devant le tribunal de Ziadia (Constantine), ont été placés en détention provisoire, selon la CNLD. Ils sont poursuivis pour «attroupement», «incitation à attroupement» et «participation à une manifestation non autorisée». Par ailleurs, une quarantaine de personnes, arrêtées depuis mi-juin en possession du drapeau amazigh, sur ordre du général Gaïd Salah, sont poursuivies pour «atteinte à l'unité nationale» et sont toujours en détention préventive à Alger.