Condamnés pour non-dénonciation de crime, 4 autres accusés ont écopé de 18 mois et d'un an d'incarcération. L'affaire Moretti a connu son épilogue — pour la partie civile du moins —, jeudi à 6 heures, au terme d'une audience marathon qui avait débuté la veille à 9h30 au tribunal criminel de la cour de Blida. Les délibérations, qui ont duré 3 heures, ont abouti à la condamnation de 4 des 5 jeunes accusés (âgés entre 19 et 22 ans) présents à la barre. Le principal protagoniste, Amine Melzi, fils de l'ancien directeur général de la résidence d'Etat du Sahel, a écopé d'une peine de 4 ans de prison ferme pour avoir pris part à l'enlèvement et au supplice de Mehdi Sari, un garçon de son âge. Trois autres incriminés, Chakib Rezar, Taha Teguia et Fethi Taïri ont été condamnés à 18 mois d'incarcération pour non-dénonciation du crime. De son côté, Mohamed Amine Boughazi a fait l'objet d'une sentence plus légère (1 an) pour avoir servi de chauffeur et transporté la victime dans les lieux où elle a été torturée. Un seul acquittement a été prononcé. Il concerne la dénommée F. M. ; la jeune fille par qui le drame est arrivé n'est autre que la petite amie de Amine Melzi. Soupçonnant Mehdi Sari de la convoiter, le fils de l'ancien patron de l'EGT-Sahel avait décidé de lui administrer une leçon. Avec l'aide de copains, il est passé à l'action de manière cruelle. 3 de ses complices actuellement en fuite, dont Sofiane Zabour, fils d'un riche industriel, ont été condamnés à mort par contumace lors d'une première audience qui a eu lieu l'été dernier. Zabour avait accueilli le groupe dans la villa familiale sise à la résidence de Moretti. C'est dans le grenier que Mehdi Sari a subi des sévices atroces dans la nuit du 8 décembre 2004 avant d'être défenestré et jeté sur une aire d'autoroute du côté de Ouled Fayet. Le récit de son calvaire a alimenté le dossier d'instruction en une série de chefs d'inculpation, dont les plus graves ayant trait à la tentative de meurtre avec préméditation, le guet-apens et l'association de malfaiteurs. Toutefois, bien que les faits soient dûment établis, une sombre bataille juridique a empiété sur la bonne gestion du dossier. C'est donc avec “l'envie d'en finir”, que Mehdi et ses parents se sont présentés à l'audience mercredi. “C'est une décision de justice. Il faut la respecter. Des années de prison de plus ou de moins, cela ne change rien au statut de mon fils qui est une victime. Et puis, je ne souhaite la prison à personne”, commente la maman compatissante. “Le tribunal a rendu une décision sage, car il a compris que ce n'est pas une simple audience, mais une affaire d'opinion. Elle était très difficile à gérer”, note pour sa part Me Redha Bekkat, avocat de la partie civile. Les péripéties de ce dossier ont fait couler beaucoup d'encre. La presse s'en est saisi car outre la gravité des faits que cette affaire recèle, ses auteurs, surtout le fils de l'ex-DG de EGT-Ouest ainsi que les lieux où le crime s'est produit — une zone d'Etat de haute sécurité — sont l'illustration de pratiques ignominieuses qui distinguent les puissants et qui souvent échappent à la justice. L'annulation des chefs d'inculpation les plus compromettants par le parquet et l'assentiment de la Cour suprême était de nature à confirmer cette impunité. Certes, Amine Melzi et ses acolytes n'ont pas été condamnés à de lourdes peines, mais ils restent en prison (après 10 mois de détention préventive). La cour a préféré endosser toute la responsabilité sur les accusés en fuite. Les présents, quant à eux, ont persisté à nier les faits, lors des différentes dépositions et au cours de leur interrogatoire, mercredi, par la présidente du tribunal. “Aucun n'a reconnu avoir battu la victime. Ils ont tout mis sur le dos des absents”, souligne Me Bekkat. L'interrogatoire a duré toute la journée et pendant une partie de la soirée. Les plaidoiries de la partie civile ont débuté aux environs de 20 heures. à l'issue de son réquisitoire, le procureur général a exigé 6 ans de prison pour Amine Melzi et de 3 à 5 ans pour les autres inculpés. La défense a décidé de faire appel du verdict. Samia Lokmane