Au moins quarante Palestiniens ont été tués hier dans des raids israéliens contre Gaza. Le bilan le plus lourd depuis le lancement des attaques contre la bande de Gaza, qui ont provoqué un drame humain tant l'usage de la force par Israël est disproportionné, l'opération visant principalement des desseins politiques de Netanyahu. L'armée israélienne continue de s'acharner sur les populations civiles palestiniennes, notamment à Gaza, une enclave densément peuplée où les bombardements ont atteint une intensité jamais égalée, comme en témoignent les organisations humanitaires, mais aussi en Cisjordanie où les forces de sécurité procèdent à des tirs à balles réelles sur les manifestants et à des centaines d'arrestations. Dans la bande de Gaza qui est soumise à un bombardement intensif, depuis lundi dernier, l'armée israélienne, qu'on présente, à tort, comme la plus "éthique" de la région, continue d'utiliser indistinctement ses armes létales pour tuer des civils palestiniens, en ciblant toutes les tours d'habitations – dont celle abritant les médias Al-Jazeera et Associated Press – et les infrastructures de base. Résultat : les frappes israéliennes ont fait 181 morts, dont 52 enfants, et plus de 1 200 blessés dans la bande de Gaza, sous blocus israélien depuis près de 15 ans. Cela a lieu alors que la police israélienne a procédé à l'arrestation de pas moins de 1 000 Palestiniens lors des manifestations organisées, depuis le début du mois sacré de Ramadhan, à Al-Qods, en Cisjordanie et dans les villes palestiniennes en Palestine occupée en 1948, contre les attaques des colons et en soutien à la population de Gaza et d'Al-Qods occupée. Ainsi, 30 Palestiniens ont été arrêtés durant le week-end dernier à Al-Qods occupée, 30 autres, dont des mineurs, l'ont été également dans la ville occupée où les forces de sécurité israéliennes ont sauvagement agressé des femmes et des enfants, a rapporté l'agence Wafa, citant le président d'une association palestinienne en charge de la question des prisonniers. Hier, l'armée avait indiqué en matinée avoir ciblé 90 positions du Hamas et du Jihad islamique ces dernières 24 heures à Gaza. Le domicile de Yahya Sinouar, chef du bureau politique du Hamas dans ce territoire palestinien, a été touché par une de ces frappes israéliennes. Il n'était pas clair dans l'immédiat s'il s'y trouvait. Pour sa part, la résistance palestinienne aurait tiré en moins d'une semaine environ 3 000 roquettes de la bande de Gaza vers le sol israélien, en "solidarité" avec les manifestants palestiniens et les centaines de Palestiniens blessés lors de l'agression contre les fidèles à Al-Qods.Depuis le début, lundi soir, de ces hostilités meurtrières, "le Hamas mène une attaque très intense en termes de cadence de tirs", a déclaré hier un général de l'armée israélienne. "Plus de 1 000 roquettes ont été interceptées" depuis lundi, a dans le même temps affirmé le ministre de la Défense israélien. En Israël, 10 personnes, dont un enfant et un soldat, ont été tuées après des tirs de roquettes en provenance de l'enclave palestinienne. C'est dans ce contexte d'extrême tension que le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni hier soir en séance publique après deux réunions à huis clos. Hier, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a appelé les membres du Conseil de sécurité de l'ONU à "exercer le maximum d'influence pour mettre fin aux hostilités entre Gaza et Israël", un conflit d'une "intensité jamais vue". "Les populations de Gaza et d'Israël font face au plus intense cycle d'hostilités depuis des années", écrit le CICR dans un communiqué, en appelant toutes les parties à "mettre fin à l'escalade (des violences) et assurer un meilleur accès aux personnes touchées dans la bande de Gaza". Mais les observateurs avouent ne pas s'attendre à de grandes décisions ou à une prise de position forte. En cause, la position franchement acquise à Israël de l'administration américaine. Comme il est de tradition, "les Etats-Unis devraient s'opposer à tout texte qui condamne Israël", soutiennent des analystes, qui rappellent que les Etats-Unis ont refusé, plutôt, une réunion d'urgence sur la question. La communauté internationale, quant à elle, est dans une position d'embarras face aux frappes d'Israël, qu'elle s'abstient de condamner pour ne pas sembler soutenir le Hamas en face. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne tiendront demain mardi une visioconférence d'urgence sur l'escalade des combats entre Israël et les Palestiniens, a annoncé hier dimanche le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.