Les Palestiniens ont commémoré hier le 83e anniversaire de la Nakba la "catastrophe", qui marque le début de la colonisation de leurs terres par Israël en 1948, sous les bombes israéliennes qui ont fait de nouvelles victimes dans le centre de Gaza. L'aviation de guerre israélienne a pris pour cible plusieurs sites dans l'enclave côtière, dans la nuit de vendredi à samedi, particulièrement des habitations situées dans les quartiers résidentiels qu'elle détruit sur la tête de ses occupants, faisant dix victimes. Il s'agit de huit enfants et deux femmes membres d'une même famille qui se trouvaient dans leur immeuble de trois étages, situé dans le camp de réfugiés Al Shati, selon les services de secours à Gaza. Ce qui porte le bilan des victimes à 140 martyrs, parmi lesquels 58 enfants, et plus de 1000 blessés dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis lundi. L'armée israélienne a également mené une frappe hier sur l'immeuble d'une dizaine d'étages abritant les locaux de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera et l'agence de presse américaine Associated Press (AP) dans la bande de Gaza. La chaîne Al-Jazeera a confirmé sur Twitter que ses locaux étaient dans ce bâtiment et a retransmis en direct les images de la tour s'effondrer dans un nuage de poussière. La résistance palestinienne a, quant à elle, lancé plus de 2000 roquettes sur le territoire israélien depuis lundi, tuant 10 personnes, parmi lesquelles un Israélien hier midi à Ramat Gan, dans la banlieue de Tel-Aviv, et faisant plus de 560 blessés, selon un dernier bilan. Cela étant, ces nouveaux bombardements de l'armée israélienne ont lieu en dépit de l'intensification des efforts diplomatiques visant à mettre fin à cinq jours d'escalade entre Israël et les factions palestiniennes à Gaza, avec l'arrivée d'un émissaire américain pour des pourparlers. Le haut responsable du département d'Etat américain chargé des affaires israéliennes et palestiniennes, Hady Amr, dit vouloir encourager les deux parties pour parvenir à un "calme durable". Mais Washington est critiqué pour n'avoir rien fait pour mettre fin à l'agression israélienne après avoir bloqué une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies qui était prévue vendredi. L'Egypte a ouvert son poste-frontière de Rafah avec la bande de Gaza samedi pour permettre l'entrée de dix ambulances transportant des Palestiniens grièvement blessés, afin qu'ils soient soignés dans des hôpitaux égyptiens, selon des responsables médicaux. Cependant, malgré les appels internationaux à la désescalade, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que "ce n'est pas fini", et que son armée continuerait ses bombardements sur Gaza jusqu'à mettre à genoux la résistance. Mais c'est compter sans la détermination des factions palestiniennes qui rassurent les populations palestiniennes qu'elles réservent encore d'autres surprises pour l'"ennemi". Ces actes de résistance vont de pair avec le déclenchement de manifestations en Cisjordanie, de Naplouse à Hébron et à travers tout le territoire occupé par Israël depuis 1967, et à El-Qods-Est, et dans des villes "mixtes" de 1948, où vivent des juifs et Arabes, notamment à Lod (centre), Jaffa près de Tel-Aviv ou encore Acre, dans le nord du pays. Les Palestiniens ont, dans un élan de solidarité avec El-Qods et les habitants de Gaza, exprimé leur colère contre l'agression israélienne en lançant des pierres, des cocktails Molotov et d'autres projectiles sur les forces israéliennes, qui ont riposté avec des balles en caoutchouc et, dans certains cas, des balles réelles. Vendredi, 11 morts et environ 250 blessés, côté palestinien, ont été recensés lors de ces manifestations. Aussi, de nouvelles manifestations étaient attendues également hier à travers les territoires occupés, où les Palestiniens commémorent chaque 15 mai la Nakba, la "catastrophe" qui marque le début de la colonisation de la Palestine à la création d'Israël en 1948. Mais alors que l'armée israélienne a déjà mobilisé ses réservistes, un possible quatrième front s'est entrouvert. Des tirs de trois roquettes lancées depuis la Syrie ont été entendus vendredi soir dans le nord d'Israël. Jeudi, trois roquettes ont été tirées vers les territoires occupés depuis un secteur proche du camp de réfugiés palestiniens de Rachidiyé, dans le sud du Liban, selon une source militaire libanaise. Un manifestant libanais de 21 ans a succombé vendredi à ses blessures infligées par des tirs israéliens lors d'un rassemblement pour protester contre les raids israéliens sur Gaza. Face à l'escalade, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir aujourd'hui. Amar R.