Le sommet palestino-israélien a été ajourné à cause, probablement, de la pression israélienne pour contraindre l'Autorité palestinienne à s'insérer dans la stratégie de Sharon après son évacuation de Gaza et qui exige de Abbas un front commun contre Hamas. Au motif que le mouvement islamiste tente de déborder sur la Cisjordanie où Israël a, d'ores et déjà, déployé une vaste chasse contre ses militants de Hamas. Plus d'une centaine de ses activistes ont été récemment arrêtés en Cisjordanie lors d'un vaste coup de filet présenté comme une mesure devant neutraliser des opérations kamikazes contre Israël. Pour essayer d'amadouer Abbas, Sharon fait donner son allié travailliste, Pérès, partisan d'un Etat palestinien. Israël doit livrer une lutte sans compromis contre le mouvement radical islamiste palestinien Hamas tout en “soutenant sans hésiter le dirigeant palestinien Abbas”, devait déclarer le numéro deux du gouvernement israélien pour qui, le combat contre les groupes extrémistes est aussi un “combat intérieur au monde arabe”. Selon lui, l'autorité palestinienne aurait également conscience que l'islamisme radical porte atteinte aux intérêts des Palestiniens. Pérès est même affirmatif : “Abou Mazen (nom de guerre de Abbas) commence à le comprendre aussi”, préconisant lui aussi la tenue avec le dirigeant palestinien d'un “front commun contre la folie terroriste”. Israël a dénoncé à plusieurs reprises la participation annoncée de Hamas aux élections législatives palestiniennes du 25 janvier et exige que ce mouvement soit désarmé pour pouvoir participer à la vie institutionnelle. Abbas, conscient de l'écueil des groupes armés, estime que l'ordre et la sécurité ne doivent relever que de la police légale dont la réorganisation est en cours. Pour faire monter la mayonnaise, Israël fait un tapage médiatique sur une jeune Palestinienne de Gaza, présentée comme la première experte en explosif du Hamas et arrêtée en Cisjordanie où elle initiait des activistes locaux du Hamas au maniement des charges explosives. Faisant le bilan des arrestations opérées en Cisjordanie, Israël soutient avoir mis au point des programmes de traitement de données permettant d'analyser “en quelques minutes” les informations en provenance du terrain et de réagir, en temps réel, pour déjouer un attentat et que des dizaines d'attentats suicide ont pu ainsi être déjouées. Israël doit certainement disposer de données sur Hamas d'autant qu'il l'avait couvé, auparavant, pour discréditer les mouvements nationalistes et démocratiques palestiniens dont le Fatah, le parti de Abbas. Djamel Bouatta