Les organisations palestiniennes ont entamé, hier au Caire, un débat de fond donc, périlleux, pour la remise en ordre de la “maison” Palestine et le devenir de la trêve avec Israël, une exigence à laquelle tiennent les Etats-Unis pour poursuivre les pressions qu'ils exercent sur Sharon. Toutes les organisations palestiniennes sont présentes à ce conclave. Et bien qu'il ait été laborieusement préparé par le président de l'Autorité palestinienne, personne ne peut préjuger de ses résultats. Le Fatah, le parti emblématique, n'est pas du tout optimiste. Ses délégués ont constaté un durcissement chez les islamistes du Hamas, qui refuseraient de prolonger l'accalmie actuelle sans contrepartie de la part d'Israël. Hamas exige, également, la libération de tous les prisonniers palestiniens détenus par Israël et l'arrêt des assassinats ciblés de ses militants par tsahal. Les leaders de ce parti, qui tient bien en main Gaza que s'apprête à libérer Sharon, envisagent, néanmoins, de participer aux prochaines législatives palestiniennes, prévues en juillet, et entrer ainsi dans le jeu institutionnel. Aux récentes municipales, Hamas n'a pas raflé tous les sièges, contrairement à ses prévisions, mais il a, tout de même, réalisé de bons scores, y compris en Cisjordanie. Le Fatah compte convaincre Hamas et le Djihad islamique pour transformer l'accalmie militaire actuelle avec Israël en une trêve franche, afin d'inciter Israël, revenu difficilement à la table des négociations avec les Palestiniens, à y rester. Cette accalmie avait été obtenue par Mahmoud Abbas après son élection, le 9 janvier, pour succéder à Arafat. Avant de se rendre au Caire pour assister à ce conclave inter-palestinien, le président de l'Autorité palestinienne a rencontré à Ramallah le SG de l'ONU, qui a eu auparavant un entretien avec Sharon. Kofi Annan estime que les derniers développements offrent l'occasion pour toutes les parties de revitaliser la “feuille de route” devant conduire à l'Etat palestinien. Avant le Caire, Mahmoud Abbas —qui serait l'un des rares membres de la Ligue arabe à avoir versé la totalité des contributions dues aux Palestiniens, y compris celles concernant le comité Al-Qods dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur Etat— a fait escale en Arabie Saoudite. L'Egypte, de son côté, espère redorer son blason en prenant une part active dans le dialogue interpalestinien. Le Caire a repris ses relations avec les Israéliens depuis la poignée de main Abbas/Sharon, en février dernier, à Charm El-Cheikh, la station balnéaire égyptienne où a été pris l'engagement de régler le dossier palestino-israélien. D. B.