Mahmoud Abbas a condamné l'attentat suicide commis à Beersheba, dans le sud d'Israël, en affirmant qu'il s'agissait d'un acte de terrorisme. Insuffisant, estime Sharon, qui exige la neutralisation de Hamas. “C'était une opération terroriste que je condamne”, a affirmé Mahmoud Abbas à propos de ce premier attentat suicide commis depuis l'évacuation le 22 août des colons israéliens de Gaza et de 4 petites implantions dans la Cisjordanie. Aucun groupe n'a encore revendiqué cet attentat au cours duquel deux Israéliens ont été grièvement blessés tandis que des dizaines d'autres ont été traités à l'hôpital de Beersheva. C'est Hamas pour Sharon qui s'est empressé d'exiger de Abbas son démantèlement ainsi que le reste de groupes décrétés par lui de terroristes. Faute de quoi, menace-t-il, tout le processus de paix serait en danger. “Il y a aura des ripostes d'un autre genre, qui s'ajouteront à des mesures très dures, s'il y a des attentats terroristes”, prévient sans cesse Sharon. La tension n'a cessé de monter ces dernières quarante-huit heures alors qu'une accalmie avait prévalu pendant la mise en œuvre du plan de retrait de Gaza et des 4 mini-colonies dans le nord de la Cisjordanie, qui s'est déroulé sans affrontement majeur. L'armée israélienne devait descendre 5 Palestiniens, accusés d'appartenir au Jihad islamique dans le camp de réfugiés de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie. L'attentat de Beersheva est le troisième commis en Israël depuis le sommet de Charm El-Cheikh, en février dernier, où le Premier ministre israélien Sharon et le président de l'Autorité palestinienne Abbas avaient proclamé un arrêt des violences. Le dernier attentat suicide remonte au 12 juillet lorsqu'un kamikaze du Jihad islamique avait tué 5 Israéliens à Netanya au nord de Tel-Aviv. Le 25 février, un attentat suicide à l'entrée d'une discothèque de Tel-Aviv a fait 5 morts et une cinquantaine de blessés. Hamas devait promettre l'enfer à Israël après son retrait de Gaza, au moment où Sharon et Bush conjurent Abbas de combattre le terrorisme. Mohammed Deif, chef des Brigades Ezzedine al Qassam, la branche armée du Hamas, a appelé, dans un enregistrement mis en ligne sur Internet, les Palestiniens à poursuivre la lutte contre Israël, promettant aux israéliens que “toute la Palestine va devenir un enfer” pour eux. Dans ce message vidéo, frappé du logo de la branche armée du Hamas, il a réaffirmé le rejet absolu du Hamas des appels à désarmer lancés par le dirigeant palestinien Abbas. Donner aux Palestiniens des raisons d'espérer Dans une interview à la radio publique israélienne, Abbas a estimé que la trêve dans les attaques anti-israéliennes, en principe en vigueur depuis le début de l'année, allait se prolonger jusqu'en 2006, en dépit des menaces de rupture de Hamas. La “hudna” n'a pas de limite de temps, a-t-il souligné tout en mettant en garde Israël contre un retour de la violence si des Palestiniens continuent à être tués lors d'opérations militaires ou s'ils sont victimes d'attentats individuels de colons extrémistes. Il a également appelé Sharon à redonner des motifs d'espérer aux Palestiniens, en gelant notamment la colonisation, en particulier la judaïsation d'al Qods est, et à stopper la construction du “mur de l'apartheid” en Cisjordanie, insistant sur la nécessité pour le numéro un israélien de respecter ses engagements du sommet de Charm el Cheikh, en février dernier en Egypte, dont le relâchement des prisonniers et le transfert aux Palestiniens des contrôles sécuritaires des villes autonomes de Cisjordanie. Mahmoud Abbas, qui a estimé que le Premier ministre Sharon était un homme fort, capable de prendre des décisions difficiles, envisage une rencontre prochaine avec lui, soit à Al Qods, soit à New York à l'occasion de la réunion annuelle en septembre de l'Assemblée générale de l'ONU où il défendra l'idée que le retrait de Gaza n'est qu'un début, et qu'Etats-Unis et Europe doivent faire pression sur les Israéliens pour qu'ils retirent leurs colonies de Cisjordanie. Le retrait n'est une victoire ni palestinienne ni israélienne, c'est une victoire de la paix pour tous, Israéliens comme Palestiniens, devait-il déclarer aux quotidiens français Libération et espagnol ABC. L'accord israélo-égyptien sur le déploiement de gardes-frontières égyptiens le long de la frontière entre l'Egypte et Gaza devait être approuvé, hier, par le cabinet Sharon, l'armée israélienne est censée ensuite se retirer totalement de Gaza. D. Bouatta