Une quinzaine d'organisations de la société civile, activant en Algérie et à l'étranger, ont, dans une déclaration, dénoncé la répression contre les militants du Hirak et les associations de jeunesse, ainsi que le harcèlement juridico-administratif exercés contre certains partis de l'opposition ouvertement engagés aux côtés de la révolution populaire du 22 Février 2019 et refusant de s'inscrire dans la feuille de route du pouvoir. Qualifiant l'agissement des autorités de "stratégie du pire", ces collectifs citoyens dénoncent cette politique du "tout-répressif (...) visant à faire avorter le processus révolutionnaire démocratique de Février 2019", ayant démarré avec la contestation d'un cinquième mandat de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika. "Depuis quatre semaines, un déploiement massif et injustifié de la force publique a donné lieu à un déferlement aveugle de violences qui n'ont épargné ni femmes, ni hommes, ni vieillards, ni jeunes", soulignent les auteurs du document dont le Collectif des amis du manifeste pour l'Algérie nouvelle, la Coordination nationale pour le congrès de la citoyenneté, le Forum des universitaires pour la démocratie, Djazaïrouna et le Noyau universitaire de réflexion/Annaba. Pour eux, "l'objectif irresponsable férocement affiché est d'étouffer la voix du peuple en lui interdisant — par la force et au mépris des lois que le pouvoir a lui-même édictées — le droit de débattre, de manifester et de s'organiser", notant qu'"à nouveau, le nombre des détenus politiques et d'opinion connus avoisine les deux cents otages sur fond de milliers d'interpellations, de dizaines d'arrestations et de condamnations judiciaires inconsidérément commises". Alors que nous sommes à onze jours du scrutin législatif anticipé du 12 juin, "des journalistes, des universitaires, des avocats et des citoyens de toutes catégories socioprofessionnelles et de tous âges qui exercent pacifiquement leurs droits fondamentaux, sont victimes d'une instrumentalisation illégale et éhontée des appareils sécuritaires et judiciaires", lit-on dans cette déclaration. Exigeant la libération de tous les détenus politiques et d'opinion, dont le nombre avoisine les 200, selon le décompte du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), les "collectifs citoyens estiment que le harcèlement juridico-administratif des partis démocrates semble être le sort que réserve le pouvoir de fait à tout acteur politique favorable à l'émancipation du peuple et militant pacifiquement pour une période de transition autonome", faisant référence à la procédure de dissolution engagée par le ministère de l'Intérieur à l'encontre de l'Union pour le changement et le progrès (UCP) de l'avocate et militante des droits de l'Homme, Zoubida Assoul, et du Parti socialiste des travailleurs (PST), alors que ces deux formations politiques affirment avoir tenu leur congrès en règle mais qu'elles n'arrivent pas à déposer les documents prouvant le renouvellement de leurs instances, faute de vis-à-vis au sein de l'administration chargée de les réceptionner. Et de rappeler que les "contestations socioéconomiques dans tous les secteurs (...) sont d'autres indicateurs de l'échec d'un personnel dirigeant inamovible et d'un exercice gouvernemental sans envergure, ni vision". Lyès Menacer