Le comité national de libération des détenus compte reprendre à partir d'aujourd'hui la tenue des sit-in de protestation devant les tribunaux. Les animateurs du CNLD et des citoyens tiendront ce matin un rassemblement de solidarité devant la juridiction de Sidi M'hamed, pour exiger la libération et l'acquittement des quinze hirakistes interpellés avant-hier lors du 48e vendredi de contestation populaire, qui seront présentés devant le procureur de la République du tribunal de première instance d'Alger-Centre. L'annonce a été faite, hier, par le coordinateur du CNLD, Kaci Tansaout, lors d'une rencontre-retrouvailles entre les ex-détenus d'opinion de la maison d'arrêt d'El-Harrach et ce, en présence de leurs familles. "La décision de la reprise des actions de protestation devant les cours de justice a été prise suite à la multiplication des arrestations des marcheurs venus pour réitérer leur rejet du régime politique en place", expliquera le porte-parole du Comité. Il a tenu pour la circonstance à rappeler les missions que s'est assignées le CNLD : "Notre raison d'existence est de lutter pacifiquement pour la libération des hirakistes incarcérés, soit pour avoir exprimé une opinion, soit pour avoir déployé l'emblème amazigh." L'animateur de la rencontre ne manquera pas d'ailleurs de battre en brèche l'information distillée par les "mouches électroniques" qui considérait que le CNLD allait être transformé en un parti politique. "On nous accuse d'ambitionner de récupérer le CNLD pour le transformer en un parti politique. C'est faux. La dissolution du CNLD interviendra avec la libération du dernier détenu d'opinion et hirakiste." Pour leur part, les avocates Hadouche Samia et Nemmar Saliha ont rappelé le rôle tenu jusque-là par le Comité en organisant des contacts directs entre les détenus, leurs familles et les avocats. "Le CNLD reste tout de même un noyau important de coordination et ce, en donnant des informations fiables et justes. Notre objectif final reste la libération des prisonniers d'opinion et politiques", ont rappelé les deux avocates. Par ailleurs, les ex-détenus récemment libérés qui se sont succédé à la tribune ont fait des témoignages poignants qui en disent long sur leur attachement au combat démocratique pour bâtir la nouvelle Algérie. En somme, les ex-détenus d'El-Harrach n'ont pas perdu de leur vivacité. Ils ont réitéré leur détermination à poursuivre le combat sur le terrain politique pour en finir avec les "résidus d'el-îssaba bouteflikienne". L'ex-détenue, Samira Messouci, qui a purgé sa peine de six mois de prison pour port de l'emblème amazigh, a d'abord tenu à rendre hommage aux animateurs du CNLD qui n'ont ménagé aucun effort pour la libération des détenus d'opinion : "Je rejoins aujourd'hui ce comité qui a beaucoup fait pour nous les ex-détenus. Ce que nous avons vécu dans les geôles d'El-Harrach reste minime par rapport à ce qu'attendent de nous l'Algérie et le peuple. Le combat continue." Pour Hakim Addad, ex-détenu qui a été interpellé avant d'être relâché vendredi en début de soirée, "c'est le peuple qui nous a libérés. Nous demandons l'acquittement de tous les détenus d'opinion. Il faudra que cette chasse aux manifestants cesse. Lors de mon arrestation hier (avant-hier, ndlr), ils m'ont demandé de ne plus marcher à Alger et d'aller manifester ailleurs, dans d'autres régions du pays. Je leur ai dit que je continuerai toujours à marcher dans les rues d'Alger avec le peuple". Addad a saisi l'occasion pour lancer l'idée de création d'un collectif des ex-détenus : "Nous lançons un appel pour la création d'un collectif des anciens prisonniers pour poursuivre le combat aux côtés du CNLD. L'objectif de ce collectif, s'il venait à voir le jour, serait de mener un combat politique et pas juridique, et la libération et l'acquittement de tous les détenus d'opinion."