Relativement déçus par le président IBK qui n'a pas pu tenir ses promesses sur l'accord de 2015, les mouvements touareg voudraient avoir des assurances sur son application avant d'adhérer à la démarche de transition. Le second putsch perpétré par les militaires le 24 mai dernier au Mali suscite l'inquiétude auprès de la coordination des mouvements Azawad (CMA, ex-rebelles), qui a décidé de conditionner sa participation à un éventuel gouvernement de transition à des gages sur l'application effective de l'accord de paix et de réconciliation au Mali, dit "Accord d'Alger", signé en 2015. Présente au sein du premier gouvernement de transition et du Conseil national de transition, l'organe législatif, la CMA (ex-rebelles), a décidé de "ne pas accompagner la transition actuelle sans un compromis garanti sur ses priorités". Réuni en session extraordinaire du 29 au 31 mai, le comité directeur de la CMA, coordination des ex-rebelles, s'inquiète que le coup de force du 24 mai dernier bouleverse l'équilibre des forces et les engagements pris par l'ancien exécutif. Selon Attaye Ag Mohamed, le chef de la délégation de l'organisation au Comité de suivi de l'Accord d'Alger, il est attendu de la junte militaire dirigée par le colonel Assimi Goïta qu'elle apporte des réponses claires à ses questionnements relatifs, notamment, à la nécessité de mise en œuvre de la révision constitutionnelle, à la réintégration des anciens rebelles dans l'armée malienne et à la question du découpage territorial. Des conditions fermes qui conditionnent la participation de la Coordination des mouvements de l'Azawad à un éventuel gouvernement. "Il y a lieu au préalable de discuter pour s'assurer que notre participation ne sera pas (réduite au) banc de touche du gouvernement", poursuit Attaye Ag Mohamed, qui entend que la CMA prenne sa part de responsabilité dans les discussions "en relation avec le processus de paix ou aussi sur des questions de souveraineté". Soit autant de conditions qui vont de pair avec celles de la France, qui a posé lundi comme "priorité absolue" le maintien de la tenue d'élections en février 2022 qu'elle partage avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui a décidé de suspendre le Mali de son organisation. Les 15 chefs d'Etat de la Cédéao qui ont réclamé la nomination "immédiate" d'un "nouveau" Premier ministre issu de la société civile ont aussi mis en place un mécanisme de suivi du respect de la période de transition. Ce qui fera dire à Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, que "le respect de ces paramètres, vérifié par la Cédéao, est la condition du maintien de l'engagement des partenaires du Mali et de l'accompagnement de la transition". Réagissant au lendemain du sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) dimanche dernier à Accra, le colonel Assimi Goïta a déclaré avoir pris acte des décisions du sommet, notamment concernant la suspension du Mali des instances de l'organisation communautaire. Le colonel est apparu conforté par les conclusions "politiques" de ce sommet qui a entériné son maintien pour la période de transition. Pour autant, il a assuré avoir engagé des rencontres avec la classe politique, les leaders religieux et les syndicats et des consultations avec tous les acteurs politiques et sociaux en vue d'un consensus pour la désignation d'un Premier ministre civil, d'un gouvernement de consensus et au sujet de la durée de la transition. Amar R.