Les partis membres du Pacte pour l'alternative démocratique (PAD) ont réitéré hier leur appel au boycott du scrutin législatif du 12 juin prochain, estimant que c'est "le meilleur moyen de rapprocher et rendre incontournable l'heure d'une transition démocratique" en Algérie. "Face à un pouvoir qui veut en faire une bataille décisive pour sa pérennité, le PAD appelle les Algériennes et les Algériens à disqualifier le simulacre électoral du 12 juin par un rejet résolu, pacifique et massif", a affirmé ce regroupement de partis (PST, PT, UCP, MDS, RCD et la Laddh) dans un communiqué rendu public, dénonçant "une escalade furieuse de la stratégie de répression mise en œuvre depuis avril 2019, sur fond d'instrumentalisation des appareils sécuritaires, judiciaires et médiatiques" de la part du pouvoir "en mal d'autres solutions pour résoudre la double crise politique et socioéconomique à laquelle il fait face". "On réprime les marcheurs du Hirak et on va jusqu'à inventer, traquer et punir le délit d'intention de manifester. Aucune catégorie sociale n'échappe à l'arbitraire et à la violence de l'Etat. Des milliers d'interpellations, des centaines de poursuites pénales, des dizaines de condamnations judiciaires sont le palmarès d'une justice aux ordres et d'un appareil sécuritaire voué à la défense des tenants d'un pouvoir illégitime", constate le PAD qui dénonce, encore une fois, le harcèlement juridico-administratif contre les partis politiques, les associations et les organisations de la société civile qui ne s'inscrivent pas dans la feuille de route des autorités en place. Ce qui, à leurs yeux, est une menace directe contre le pluralisme démocratique et une tentative de criminaliser l'acte politique. "Après avoir échoué à diviser les rangs du peuple par de pseudo-différenciations ethniques, le pouvoir use de l'argument terroriste pour jeter l'anathème sur le Hirak béni devenu brusquement un levier tombé aux mains d'extrémistes et de forces étrangères", ajoute le communiqué. "Tournant le dos à cette réalité de plus en plus intenable, les clientèles associées au régime se sont engagées dans une course à la curée des dernières ressources du pays", accusent les signataires du communiqué, ajoutant que "toute prise en charge sérieuse de la crise multidimensionnelle, aggravée par les effets de la pandémie de Covid-19, est gravement compromise". Mais, "loin de démobiliser le peuple algérien, la stratégie du tout-répressif et les évolutions géostratégiques de plus en plus incertaines — en particulier à nos frontières — le mettent en alerte et le poussent à se redéployer dans les quartiers et les communes pour continuer d'exprimer pacifiquement son aspiration au changement", se réjouit le PAD. En effet, interdits de manifestations à Alger depuis début mai dernier, et réprimés dans plusieurs autres villes du pays, les Algériens tentent de maintenir la flamme de la révolution du 22 Février 2019 avec d'autres moyens de lutte et d'expression pacifiques, en poursuivant notamment le débat sur une transition politique pacifique sur les réseaux sociaux et les rares espaces qui leur sont encore offerts. Par ailleurs, le PAD n'omet pas de dénoncer les menaces adressées par les autorités aux syndicats autonomes, dont la dernière manifestation des syndicats de l'éducation a été empêchée à Alger. "Toutes les grèves sont déclarées illégales et les travailleurs de l'éducation qui dénoncent les violences subies par leurs collègues dans différentes wilayas sont soumis, à leur tour, à des violences policières", relève le texte. Lyès Menacer