" Le dossier comporte 66 personnes et une vingtaine seulement a été présentée", a précisé, à Liberté, Me Abdelghani Badi, membre du collectif de défense des détenus d'opinion. "Onze ont été placés sous contrôle judiciaire, sept autres ont été mis sous mandat de dépôt et deux ont été libérés sans contrôle judiciaire", a-t-il détaillé. Selon Me Abdelghani Badi, ces accusés sont poursuivis pour "appartenance à une organisation destructrice, complot contre l'Etat, incitation et atteinte à l'unité nationale et d'autres accusations". Il précise qu'on leur a reproché "sept chefs d'inculpation, dont trois d'ordre pénal et quatre autres relèvant de la correctionnelle". Ces inculpations sont, pour l'avocat, "graves", sachant que la peine pourrait aller jusqu'à la peine de mort, notamment pour l'accusation de la constitution d'une organisation destructrice tel que stipulé par l'articile 77 du code pénal. Par ailleurs le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) continue de répertorier le nombre de hirakistes poursuivis. Pour les militants placés sous contrôle judiciaire, il s'agit de Samia Medjdoub, l'universitaire Mohamed Yagouni, Fatiha Briki, Sara Ladoul, du professeur Mahana Abdesselam, Zahir Bouguermouh, Nassima Laïb (Nawal), Nacer Debaghi, Abdelkader Maghni, Hassan Benkaoua et Mustapha Meknassi. Quant aux activistes placés sous mandat de dépôt, le CNLD cite ElHadi Lassouli, Mohamed Smallah, Rezak Sofiane (dit Massi), Ali Hider, Boutouchent Mahieddine (Abderrahmane) et Farid El-Hamel. Pour les personnes libérées sans poursuite, il s'agit de l'enseignant universitaire Abdelali Rezagui, de Hassani Ali et d'Amina Hassani. C'est dans ce climat qu'Amnesty International (AI) a dénoncé la "répression qui s'est traduite par l'arrestation de dizaines de personnes ayant pacifiquement exercé leurs droits à la liberté d'expression et de réunion dans les mois qui ont précédé les élections législatives qui ont eu lieu le 12 juin". Ainsi, l'ONG fait état qu'"au moins 17 militants, accusés d'infractions liées au 'terrorisme'", sont inculpés depuis le mois de mars. "Parmi eux figurent l'avocat Abderraouf Arslane, ainsi que les défenseurs des droits humains, Kaddour Chouicha, Jamila Loukil et Saïd Boudour qui, avec 12 militants du Hirak, ont été inculpés, le 28 avril, pour appartenance à un groupe 'terroriste' et 'complot contre l'Etat'". Amnesty International rappelle également que le 8 juin, les autorités ont adopté des modifications du code pénal élargissant la définition du terrorisme pour y inclure le fait d'œuvrer ou d'inciter "à accéder au pouvoir ou à changer le système de gouvernance par les moyens non constitutionnels". L'organisation juge que "cette définition trop large risque d'entraîner la criminalisation des appels pacifiques à un changement de gouvernement et la mise hors la loi du mouvement de protestation du Hirak, qui demande un changement politique radical en Algérie". "Les mesures prises par les autorités algériennes pour qualifier de terroristes des militant-e-s pacifiques et leur empressement à inclure une nouvelle définition très large du terrorisme dans leur législation indiquent qu'elles sont déterminées à intimider les opposant-e-s pacifiques pour les réduire au silence et à décimer l'opposition politique", a déclaré Amna Guellali, directrice régionale adjointe d'Amnesty International pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient.