Depuis quelques années, le trafic de cocaïne est, en effet, venu se greffer au trafic transnational de kif marocain dont une grande partie traverse l'Algérie pour alimenter le marché européen. Une nouvelle affaire de trafic de cocaïne vient d'ébranle r Oran avec la récupération, à quelques kilomètres des côtes d'Arzew, de plusieurs sacs contenant près de 500 kilogrammes de poudre blanche dont la valeur marchande approcherait les cinq milliards de dinars. Selon diverses sources, ce sont des pêcheurs qui auraient découvert les colis flottant sur l'eau, dimanche matin, et alerté les gardes-côtes du port d'Arzew, lesquels ont, à leur tour, saisi les services de sécurité compétents. Jusque tard dans l'après-midi d'hier, aucune information "officielle" n'a filtré sur l'origine de la marchandise, sa provenance, ni sur d'éventuelles interpellations. À peine sait-on qu'une investigation a été ouverte pour faire la lumière sur cette retentissante saisie, qui vient donner de l'épaisseur à la thèse qui prétend que la capitale de l'Ouest algérien est désormais passée de plaque tournante du trafic de résine de cannabis à ville de transit de drogues dures. Depuis quelques années, le trafic de cocaïne est, en effet, venu se greffer au trafic transnational de kif marocain, dont une grande partie traverse l'Algérie pour alimenter le marché européen. Parmi les affaires qui ont fait grand bruit, celle dite des îles Habibas, situées à quelques kilomètres au large d'Oran, où des pêcheurs avaient découvert, en 2015, 63 plaquettes de cocaïne, soit plus de 81 kilogrammes, dissimulées dans des sacs. Des condamnations à 15 ans de réclusion criminelle seront prononcées, deux années plus tard, à l'encontre de 16 inculpés sur l'ensemble des 23 personnes incriminées dans cette affaire. L'émoi provoqué par cette affaire s'était à peine atténué que la bombe des 701 kg de poudre blanche de Kamel Chikhi explosait au port d'Oran, provoquant les dégâts que l'on sait. Ces dernières années, plusieurs saisies de cette drogue dure ont été opérées et des bandes de narcotrafiquants démantelées un peu partout à travers le territoire de la wilaya. En général, il s'agissait de dizaines, voire quelques centaines de grammes trouvées sur des dealers, mais il n'était pas rare que des quantités plus importantes soient débusquées. Ainsi, en juin 2020, Arzew a été le théâtre de la saisie de 11 kilogrammes de cocaïne et de l'interpellation de cinq personnes au cours d'une opération conjointe entre l'ANP et les douanes. En février 2021, les services de lutte contre les stupéfiants de la sûreté de wilaya d'Oran ont mis la main sur plus de quatre kilogrammes de cocaïne et arrêté huit suspects. La cocaïne, dont on entendait rarement parler avant, fait, désormais, partie des substances stupéfiantes régulièrement saisies par les services de sécurité algériens, au même titre que le haschisch marocain ou les produits de synthèse. Et beaucoup d'observateurs n'écartent pas la possible existence d'une connexion entre des narcotrafiquants locaux avec des cartels d'Amérique du Sud pour le transport de la cocaïne vers les marchés européens et moyen-orientaux. La marchandise de Kamel Chikhi ne provenait-elle pas du Brésil ? En tout état de cause, une enquête a été ouverte et il faut espérer que, dans les tout prochains jours, des informations viendront éclairer l'opinion nationale sur l'origine des 490 kilgrammes saisis hier à Arzew. Le trafic des drogues dures en Algérie, notamment la cocaïne, connaît une escalade inquiétante, et malgré son coût très élevé, elle peut rapidement se "démocratiser" auprès de consommateurs de plus en plus demandeurs de cette "drogue de riches".