De par leur position géographique, l'Algérie et le Maroc sont-ils en train de devenir la plaque tournante du trafic de cocaïne à destination de l'Europe ? L'Algérie n'est pas le seul pays de la région à avoir saisi de grosses quantités de cocaïne ces derniers mois. Le voisin de l'ouest, le Maroc en l'occurrence, a fait face également à une tentative d'introduction d'une importante quantité de cocaïne en provenance d'Amérique latine. En effet, les autorités marocaines ont saisi, le 11 février dernier au port de Casablanca, 541 kg de cocaïne. Comme en Algérie, cette cocaïne, qui allait être visiblement «déchargée» au port de Casablanca, était aussi enfouie dans un conteneur de marchandises. Le procédé utilisé est donc le même que celui de la marchandise expédiée vers le port d'Oran. La presse marocaine avait relevé, à l'époque, la multiplication de saisies de cocaïne en provenance d'Amérique centrale. Selon le site Huffpost Maghreb, les services de sécurité de ce pays avaient opéré en octobre 2017 une saisie record de 2,5 tonnes de cocaïne. Les mis en cause dans cette affaire ont été, hasard de calendrier, jugés et condamnés le 7 juillet dernier par le tribunal de Témara, ville côtière sur l'Atlantique. En relayant cette information, le même média a précisé que cette quantité de drogue dure a été découverte par la police marocaine «dans une ferme située sur la route côtière entre Témara et Skhirat, près de Oued Cherrat dans la province de Bouznika, en plus d'une autre quantité saisie à Nador». Le quotidien Le Parisien avait fait part de «ramifications transnationales du réseau derrière cette opération» et ses liens avec «des cartels en Amérique latine qui exploitent désormais la position stratégique du royaume comme point de transit vers l'espace européen». Ces saisies importantes au Maroc et en Algérie accréditent ainsi la thèse selon laquelle les réseaux transnationaux de trafic de cocaïne, acculés par les services de sécurité occidentaux, cherchent à créer de nouvelles routes pour brouiller les pistes et augmenter leur chance de faire arriver leurs «marchandises» à bon port. On ne doit pas forcément être issu d'un collège d'experts pour comprendre que ces grosses quantités ne sont pas destinées au marché local des pays dans lesquels elles ont été saisies. Ni le marché marocain ni le marché algérien ne peuvent absorber de telles quantités de cocaïne, dont la valeur s'élève à des dizaines de milliards de dollars. De par leurs positions géographiques, l'Algérie et le Maroc sont-ils en train de devenir la plaque tournante du trafic de cocaïne à destination de l'Europe ? Les narcotrafiquants tentent-ils de détourner l'attention des services de sécurité occidentaux pour desserrer l'étau sur leurs réseaux traditionnels ? Selon Le Parisien, citant un récent rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, «la dernière décennie a vu se développer différentes routes de trafic de cocaïne à destination de l'Europe, en provenance d'Amérique centrale, le plus souvent via des pays ouest-africains et plus récemment d'Afrique du Nord». Les traditionnelles routes de trafic de cocaïne sont de plus en plus surveillées. Le 25 avril dernier, la police espagnole a saisi 8,7 tonnes de cocaïne cachées dans des conteneurs de bananes en provenance de Colombie. Cette saisie était présentée par la presse internationale comme «la plus grande de l'histoire du narcotrafic en Espagne». Acculés en Europe, les trafiquants, qui redoublent d'ingéniosité, semblent s'échiner à créer de nouvelles routes afin d'échapper aux contrôles de sécurité.