Des militants sahraouis, en détention depuis 2010, purgent des peines de prison allant jusqu'à 30 ans, après avoir subi tous genres de tortures physiques et psychologiques durant des mois. L'Organisation des Nations unies (ONU) a de nouveau interpellé les autorités marocaines à cesser la violation des droits de l'homme en territoires sahraouis occupés, en s'attaquant notamment aux militants sahraouis, dont certains ont été condamnés par Rabat à de lourdes peines de prison. "J'exhorte le gouvernement marocain à cesser de cibler les défenseurs des droits de l'Homme et les journalistes pour leur travail, et à créer un environnement dans lequel ils peuvent effectuer ce travail sans crainte de représailles", a déclaré ce week-end Mary Lawlor, rapporteuse spéciale de l'ONU sur la situation des défenseurs des droits de l'Homme, citée par les agences de presse. "Non seulement les défenseurs des droits de l'Homme travaillant sur des questions liées aux droits de l'Homme au Maroc et au Sahara occidental continuent d'être injustement emprisonnés et criminalisés pour leurs activités légitimes, mais ils sont également condamnés à des peines de prison disproportionnées et, pendant leur incarcération, ils sont soumis à des traitements cruels, inhumains et dégradants, ainsi qu'à la torture", a souligné Lawlor, faisant référence entre autres aux défenseurs des droits de l'Homme, Naâma Asfari et Khatri Dadda, qui sont détenus respectivement depuis 2010 et 2019 et purgent des peines de 30 et 20 ans. La diplomate onusienne évoque aussi, en le dénonçant, "le ciblage systématique et incessant des défenseurs des droits de l'Homme en représailles à l'exercice de leurs droits à la liberté d'association et d'expression", estimant que cela "est profondément déplorable et nuit à la société dans son ensemble". Affirmant s'appuyer sur plusieurs informations, Mary Lawlor explique que les militants sahraouis subissent "des actes d'intimidation, de harcèlement, de menaces de mort, de criminalisation, de peines de prison, d'agressions physiques et sexuelles, menaces de viol et de surveillance" de manière continuelle, sans oublier le fait que durant leur période de détention provisoire, ces militants ne bénéficient ni de visites familiales ni de celles de leurs avocats. Leurs procès, souvent expéditif, se déroulent majoritairement à huis clos et parfois sans défense, le verdict étant décidé d'avance par Rabat. Lawlor s'est dit "particulièrement préoccupée" par le recours apparent à la violence et à la menace de violence pour empêcher et entraver les femmes défenseurs des droits humains dans leurs activités pacifiques. L'appel de Lawlor est soutenu notamment par Clément Nyaletsossi Voule, rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d'association, Morris Tidball-Binz, rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Melissa Upreti, présidente du groupe de travail sur la discrimination à l'égard des femmes et des filles et Mme Dorothy Estrada-Tanck, vice-présidente du groupe.