Les réactions de dénonciation de la peine infligée au journaliste Khaled Drareni continuent à fuser à l'intérieur et à l'extérieur du pays. L'ONU et le Parlement européen ont condamné la décision de la justice. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Des réactions d'indignation continuent à fuser à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, dénonçant « une sévère sanction » et « une condamnation choquante et scandaleuse ». Des experts de l'ONU ont dénoncé, hier mercredi, cette lourde condamnation d'un journaliste qui «ne faisait que son travail» et demandé sa libération. «Nous condamnons avec la plus grande fermeté cette peine de deux ans de prison infligée à un journaliste qui ne faisait que son travail, et nous appelons les autorités algériennes à l'annuler et à libérer M. Drareni », ont écrit ces experts indépendants œuvrant auprès du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Parmi eux figurent Clément Nyaletsossi Voule, rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et la liberté d'association, Irène Khan, rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, et Mary Lawlor, rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'Homme. Pour eux, cette peine est « grossièrement inappropriée car les accusations portées contre lui constituent une violation flagrante de la liberté d'expression, de la réunion pacifique et d'association ». Et de déplorer que les autorités algériennes « utilisent de plus en plus les lois sur la sécurité nationale pour poursuivre les personnes qui exercent leurs droits aux libertés d'opinion et d'expression, et de réunion pacifique et d'association». Ils soutiennent que Khaled Drareni et tous les autres qui sont actuellement en prison, ou qui attendent d'être jugés « pour avoir fait leur travail et défendu les droits de l'Homme, doivent être immédiatement libérés et protégés». La condamnation de Khaled Drareni sous les accusations d'atteinte à l'unité nationale et incitation à attroupement non armé a fait réagir également le Parlement européen, à travers la présidente de la sous-commission des droits de l'Homme, Marie Arena. «La condamnation en appel à deux ans de prison ferme du journaliste Khaled Drareni verrouille le droit à la liberté d'expression dans un pays où la liberté de la presse a été chèrement acquise mais sauvegardée. Il n'est pas de démocratie sans justice, ni de justice sans libertés », a-t-elle affirmé dans un communiqué publié dans le site du Parlement européen. SNJ : c'est la liberté de la presse qui est visée Réagissant à la condamnation de Khaled Drareni, le secrétaire général du Syndicat national des journalistes, Kamel Amarni, affirme ne pas comprendre « comment pour les mêmes accusations dans une même affaire, on se retrouve avec deux verdicts complètement différents», en évoquant la condamnation des activistes Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche à quatre mois de prison ferme et Drareni à deux ans de prison. «Pourquoi dans tout cela, c'est le journaliste qui est le plus sévèrement sanctionné ?», s'interroge-t-il, avant de soutenir que le message est clair : «A travers cette affaire, particulièrement le verdict, ce sont les libertés d'expression et de la presse qui sont visées.» «C'est une espèce d'incitation à l'autocensure, c'est le moins que l'on puisse dire», a-t-il dit, réitérant son appel à « la libération immédiate de notre confrère». K. A.