M. Mehassouel Metayeche est le P/APC de la commune de Selma. Il se trouve être aussi le chef des Patriotes de la région. En 1993, il a été victime d'un enlèvement. “J'ai été la première victime du terrorisme de toute la daïra d'El Aouana”, dit-il. “J'ai été kidnappé le 17 janvier 1993. J'étais à l'époque chef de la Qasma FLN de Selma. J'ai été atrocement torturé avant d'être relâché. J'ai souffert des séquelles de ces tortures pendant une année entière. Quand j'ai été rétabli, j'ai pris les armes. En 1995, au plus fort du terrorisme, nous avons rouvert les bureaux de l'APC qui était fermée depuis 1993. Nous avons aujourd'hui 47 Patriotes et cinq détachements de gardes communaux.” Le siège de la commune est flambant neuf, avec des fanions qui l'ornent de part en part. Non loin de l'APC, un bureau de poste tout neuf aussi, de quoi espérer des jours meilleurs pour cette localité qui a beaucoup souffert des affres du terrorisme. Malheureusement, à en croire le maire, il serait naïf de s'attendre à des lendemains qui chantent dans l'immédiat. “Le dernier attentat qui a eu lieu dans la région nous a cassé le moral”, avoue-t-il. “Nous commencions à reprendre espoir et convaincre les gens de revenir, puis voilà que cet attentat gâche tout. Vous savez comment sont nos concitoyens : dès qu'il se produit le moindre incident, ils sont découragés”, ajoute notre interlocuteur. Il faut savoir, en effet, que comme Iraguène, la commune de Selma qui compte 38 mechtas a connu un exode massif de ses habitants. En dix ans, la population est passée de 9 000 à 900 habitants – chiffre révélé par le dernier fichier électoral – soit une saignée démographique de 90% par rapport à la population initiale. M. Mehassouel révèle que des mesures incitatives ont été prises pour encourager les familles de la région à revenir. Des routes devaient être refaites, de nouveaux détachements créés pour renforcer la sécurité. Des lots de terrains ont été prévus, allant de 180 à 200 mètres carrés. Ceux-ci sont cédés à…20 DA le mètre carré assure le maire, avec, en prime, une aide à la construction de 50 millions de centimes. “Il s'agit d'un prix symbolique pour encourager les gens à réinvestir la région”, explique M. Mehassouel. “Ici, contrairement aux autres communes, nous n'avons pas de problème de logement. Nous avons 20 logements OPGI qui attendent preneur, sans compter l'aide à l'habitat rural”, indique-t-il. Malheureusement, ces offres restent sans écho en raison précisément des conditions sécuritaires. “Le point noir ici est la situation sécuritaire. Chaque fois qu'on se dit il y a une amélioration, il se passe quelque chose et nous revenons de dix pas en arrière”, regrette le maire. Bien qu'ayant soutenu énergiquement le projet de charte pour la réconciliation nationale en tant qu'élu FLN, M. Mehassouel ne se fait guère trop d'illusions quant à l'impact de cette charte sur les terroristes en activité dans les maquis de la région : “Nous avons appuyé la Réconciliation mais ces gens ne veulent rien entendre. Nous aurons tout essayé avec eux : en vain. Ce sont des criminels. On a essayé d'envisager d'entrer en contact avec eux mais plus maintenant. Je ne ferai jamais confiance à ces gens-là, “ma fihoumche lamane.” Ils sont revenus avec arrogance, à se croire au début des années 1990. Ceux qui sont descendus ne l'ont fait que pour mieux remonter”. Selon lui, il y aurait quelques 38 terroristes en activité autour de Selma, la plupart de “katibat Ibad Errahmane”, une faction hostile à la Réconciliation. M. B.