Le nombre des Algériens qui tentent la traversée de la Méditerranée a grimpé à des niveaux inégalés. Au fil des jours, le nombre de morts augmente dangereusement. Lundi matin sur une plage de Ténès, à l'est de la wilaya de Chlef, des estivants ont découvert, stupéfaits, le corps d'un jeune homme, rejeté par les vagues. Il faisait partie d'un groupe de migrants clandestins dont l'embarcation a chaviré au large de Ténès. Des sources locales évoquent 7 à 8 décès. Un activiste espagnol, Francisco Jose Clemente Martin, membre d'une ONG qui porte assistance aux migrants, évoque, lui, 11 personnes. Mais ce n'est pas le seul groupe. Une quinzaine d'autres migrants, partis de Mostaganem fin juin, auraient également disparu en haute mer. Trois cadavres ont été retrouvés par des pêcheurs de la région de Mostaganem. Mais pas de trace pour l'heure pour au moins 14 autres, affirment des sources espagnoles. Sort similaire pour une vingtaine de jeunes partis de Béjaïa depuis le printemps dernier. À ce jour, aucun signe de vie les concernant. Du reste, la plupart de ceux qui partent tenter l'aventure européenne arrivent souvent à bon port. Ces derniers jours, différentes sources espagnoles évoquent un nombre impressionnant de migrants algériens "sauvés" par les gardes-côtes espagnols. En deux jours, près de 1 000 personnes ont été interceptées rien que dans la région d'Almeria. Et les arrivées des bateaux, transportant entre 10 et 25 personnes chacun, sont incessantes. Mais il demeure difficile de quantifier le nombre d'Algériens arrivés en Espagne. Si une étude exhaustive sur ces migrants n'est pas disponible, les décomptes des personnes arrivées en Espagne ou même de celles qui ont été arrêtées ici par les gardes-côtes confirment la présence d'enfants et de femmes parmi les candidats à l'émigration clandestine. Parfois, ce sont des familles entières qui émigrent. Ces données confirment que le nombre de migrants arrivés en Espagne dépasse largement 15 000 personnes depuis le début de l'année. Jusqu'à fin avril, l'Office des Nations unies pour les réfugiés avait recensé près de 10 000 Algériens qui ont pu rejoindre la rive sud de la Méditerranée, notamment l'Espagne et l'Italie. Ce chiffre a déjà dépassé celui enregistré durant toute l'année dernière. En 2020, sur les 35 656 migrants clandestins arrivés en Espagne jusqu'au mois de novembre, 10 930 étaient Algériens, selon le journal espagnol El Independiente. Le chiffre a quasiment triplé par rapport à 2019 où il était estimé à 3 559. Pour faire face à ces départs de plus en plus importants de migrants clandestins, les autorités algériennes multiplient les arrestations. Hier, les services de la DGSN ont annoncé le démantèlement "d'un réseau" de trois personnes, qui organise des traversées pour migrants clandestins. 15 embarcations de 4 à 5 mètres de long, 16 moteurs, une boussole, un appareil GPS, 9 bidons de carburant, 2 combinaisons de plongée, des lampes et un véhicule utilitaire qui servait à remorquer les bateaux et à transporter le matériel ont été saisis, détaille un communiqué de la cellule de communication et des relations publiques de la sûreté de wilaya d'Oran. Des opérations similaires ont eu lieu dans d'autres régions du pays.