À l'ombre de la crise politique que vit le pays, des milliers d'Algériens tentent la traversée de la Méditerranée à la recherche de l'Eldorado. Malgré les efforts des autorités qui arrêtent des contingents entiers de migrants clandestins, beaucoup de harraga parviennent à traverser la mer, essentiellement à destination de l'Espagne. S'il est difficile de quantifier le nombre de ceux qui parviennent à déjouer la vigilance des autorités espagnoles, d'autres sont arrêtés avant de poursuivre leur aventure. Ainsi, selon des médias espagnols, le nombre d'Algériens repérés en Espagne, après leur arrivée illégale par la mer, a atteint en 2020 le chiffre record de 11 450 sur un total de plus de 41 000 migrants qui ont tenté d'entrer en Espagne. Le nombre de migrants algériens aurait évolué de plus de 600% entre 2019 et 2020, selon des sources médiatiques. "Partis des côtes d'Oran ou de Mostaganem, ils débarquent surtout à Almería et Murcie", écrit un journaliste espagnol spécialisé dans les questions migratoires. Le chiffre a depuis augmenté. Le 17 février dernier, en une seule nuit, 7 embarcations clandestines transportant 97 harraga algériens en provenance des côtes algériennes ont été interceptées, au large de Murcie (Espagne), par la brigade de sauvetage en haute mer de la Garde civile espagnole. Parmi les harraga interceptés, on enregistre quatre femmes et des mineurs, a noté le média espagnol La Razon, soulignant que les mineurs n'ont pas été identifiés. Pour le journaliste spécialisé, Ignacio Cembrero, les migrants algériens n'ont pas forcément l'intention d'atterrir en Espagne. Leur destination finale est souvent la France. " (...) Il s'agit de véritables opérations coordonnées, menées avec des vaisseaux d'une douzaine de passagers, à une vitesse moyenne de 40 nœuds (soit 74 km/h). À la différence des Marocains entrés illégalement en Espagne, qui tendent à y demeurer, les clandestins algériens ne considèrent l'Espagne que comme une étape vers la France", écrit le journaliste. Pour tenter de stopper ce flux de migrants algériens, les autorités françaises ont bloqué des passages dans les Pyrénées-Atlantiques, il s'agit, essentiellement, des passages empruntés par des touristes et des travailleurs. "Entre trente et cinquante personnes en situation irrégulière depuis novembre sont interpellées chaque jour depuis novembre", affirme Etienne Stroskopf, préfet des Pyrénées-Orientales, qui justifiait ainsi la fermeture, en janvier dernier, de ces passages. Mais on ignore, pour l'heure, le nombre de ces migrants algériens qui parviennent à franchir la frontière franco-ibérique. Du côté des autorités algériennes, on gère toujours l'affaire du côté sécuritaire. Dans son bilan habituel, l'armée a annoncé que durant la seule période allant de 13 au 19 janvier 2021, les gardes-côtes ont mis en échec des tentatives d'émigration clandestine de 141 individus dont 9 Marocains, à bord d'embarcations de construction artisanale à Oran, Aïn Témouchent, Tlemcen et Mostaganem. Des annonces qui sont faites régulièrement.