"Nous avons pris toutes les mesures nécessaires à propos de ces cinq matches et transmis le dossier à la commission d'éthique", précise Halim Djendoubi. Quarante heures après la publication dans ces mêmes colonnes d'un sujet consacré au département Intégrité de la FAF et sa capacité à réagir face au phénomène de marchandage de matches surtout en cette fin de saison, le premier responsable de ce département, Halim Djendoubi (47 ans), universitaire, ancien officier supérieur dans les rangs de l'Armée nationale populaire (ANP) et colonel de la Gendarmerie nationale à la retraite, est sorti pour la première fois de son mutisme pour expliquer sa stratégie. Halim Djendoubi a d'abord rappelé dans une intervention au site de la FAF que "le plan d'action de son département a été adopté par le bureau fédéral le 28 février dernier ; il comprend six grands axes, dont la sensibilisation, la veille, les investigations, les outils de détection, les instruments de signalement ou bien la communication ; le tout dans le cadre du programme mondial d'intégrité de la FIFA qui a adopté comme slogan pour l'année 2021 'Tous pour l'intégrité de la compétition'". Et d'ajouter : "Sur le terrain nous avons entamé une campagne d'explication à l'occasion des stages de formation CAF A pour les entraîneurs, puis nous avons participé à un séminaire pour les arbitres internationaux et un stage de l'équipe nationale féminine. Nous avons également organisé une séance de travail avec les présidents des trois ligues, à savoir la LFP, la ligue amateur et la ligue inter régions. Nous avons insisté à chaque fois sur les risques qui peuvent intervenir en fin de saison bafouant l'éthique sportive. Nous avons aussi publié des notes d'information aux différents acteurs de football pour les informer sur des avertissements infligés par la FIFA concernant certaines pratiques dans le monde afin de sensibiliser." D'un point de vue pratique, Halim Djendoubi révèle que son département a "accompagné la ligue inter régions lors des matches barrages pour l'accession en Ligue 2. Nous avons assisté à cinq rencontres sur six afin de surveiller le respect de l'éthique sportive. Nous avons aussi pris part aux réunions techniques de ces matches de play-offs. Nous faisons la même chose pour les matches barrages de la Ligue 2 qui se déroulent actuellement. À chaque fois, nous avertissons quant au danger du marchandage des matches et les paris illicites". Halim Djendoubi a révélé à ce titre que les "enquêtes effectuées pour les paris illicites n'ont débouché sur aucun cas suspect et ce avec le témoignage de la FIFA qui nous a adressé une note dans laquelle elle nous informe que les compétitions algériennes n'ont enregistré aucun cas de paris illicites". En revanche, pour ce qui est du marchandage des matches, "nous avons enquêté sur cinq rencontres qui représentent des doutes. Nous avons travaillé sur la base de lanceurs d'alerte ou des informations parvenues au département Intégrité. Par exemple, il y a une page facebook qui avertit sur le danger d'une éventuelle combine d'un match. Nous avons du coup pris nos dispositions pour surveiller ce cas. Nous avons pris toutes les mesures nécessaires à propos de ces cinq matches et transmis le dossier à la commission d'éthique. Réglementairement, il appartient à la commission d'éthique et à la commission de discipline de prendre les dispositions qui s'imposent à ce sujet", dit-il sans préciser les équipes impliquées dans ces enquêtes. Halim Djendoub évoquera également le programme mondial d'intégrité 2021-2022 que lancera la FIFA pour l'édition CAF le mois de septembre prochain, en collaboration avec l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et auquel il prendra part et qui permettra à la FAF d'avoir des officiers de l'éthique sportive. La saison passée, l'affaire de l'enregistrement audio impliquant le directeur général l'ES Sétif, Fahd Halfaïa, et le manager Nassim Saadaoui avait enflammé la Toile et éclaboussé surtout la scène footballistique nationale. Même la justice saisie par le MJS à ce sujet a fini par se dérober, en témoigne le procès de cette affaire qui n'a curieusement toujours pas été programmé. La balle ronde demeure encore malade de pratiques malsaines qui ont valu au championnat algérien le peu glorieux sobriquet de championnat "ouedkniss", en référence à la fameuse plateforme de vente en ligne. En effet, il n'y a pas une saison qui passe sans qu'un scandale éclate au grand jour au sujet des matchs truqués. La presse étrangère a également fait état de paris suspects sur un match de D1 algérienne, en l'occurrence DRBT-ESS. L'affaire avait éclaté en mai, en Moselle, avec l'interpellation de sept personnes dans le cadre d'une enquête sur des paris suspects pris en France et liés à une rencontre de Ligue 1 algérienne entre le DRB Tadjenanet et l'ES Sétif (3-2), disputée le 12 mai 2018. Deux d'entre elles avaient été mises en examen et placées sous contrôle judiciaire, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte par le parquet de Nancy pour des faits d'"escroquerie en bande organisée" et confiée à la juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) locale.