Le 15 mai dernier, la FAF avait annoncé qu'elle s'est "saisie d'un document sonore relatif à une conversation téléphonique"... et qu'elle a "saisi le département Intégrité pour conduire les investigations nécessaires pour mettre toute la lumière à ce sujet". Depuis plusieurs années déjà, le football national est gangréné par le fléau du marchandage des matchs dans les différents paliers des compétitions nationales, à commencer par le championnat de l'élite (Ligue 1). Il n'y a pas une saison qui passe, notamment vers la fin de saison, où les enjeux de consécration et de relégation deviennent capitaux, sans que l'opinion publique soit ébranlée par une affaire de rencontres truquées. La dernière en date est l'affaire de l'enregistrement audio impliquant le manager général l'ES Sétif, Fahd Halfaïa, et le manager Nassim Saâdaoui. Un véritable scandale malheureusement vite étouffé par la FAF, la LFP et même la justice algérienne, bien qu'une plainte officielle ait été déposée contre X par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Quel crédit donc donner à la dernière annonce faite par la fédération de football de nommer un responsable pour le département Intégrité ? "Dans le cadre de la série de réformes initiées par la Fédération algérienne de football (FAF) et comme annoncé il y a quelques mois, le président Kheirredine Zetchi a procédé, ce mercredi 16 décembre 2020, en présence de M. Abdallah Gueddah, membre du bureau fédéral et président de la commission finances, à l'installation officielle du tout nouveau chef du département Intégrité. Il s'agit de M. Halim Djendoubi (47 ans), universitaire, ancien officier supérieur dans les rangs de l'Armée nationale populaire (ANP) et colonel de la Gendarmerie nationale à la retraite", indique un communiqué de la FAF. Et d'ajouter : "M. Djendoubi, qui prendra ses fonctions officiellement le 3 janvier 2021, est également titulaire de plusieurs diplômes, dont celui de haut diplôme militaire (2006), d'officier de la police judiciaire (1995) et de formation professionnelle (1995). Sur le plan professionnel, il est officier de police judiciaire depuis 1995, commandant de plusieurs unités de Gendarmerie nationale depuis cette même année dans plusieurs régions du territoire national, commandant des unités spéciales depuis 2006, sans compter un parcours en tant qu'instructeur et professeur spécialisé à l'Ecole supérieure de la Gendarmerie nationale. Dans le domaine sportif, M. Djendoubi a contribué à l'encadrement de plusieurs compétitions et événements sportifs militaires et civils aux niveaux national et international (matchs de football dans différentes divisions et Coupe d'Algérie, rencontres de l'équipe nationale, Jeux africains de la jeunesse d'Alger 2018), tout comme il a été un ancien sportif et un assidu connaisseur du football." La FAF rappelle à ce titre justement qu'elle devait "procéder à l'installation du chef du département Intégrité en mai dernier, avant que le candidat retenu, un ancien officier de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), ne soit rappelé pour reprendre du service au niveau de son corps d'origine. Ce qui a amené la fédération à relancer de nouveau le processus de recrutement". Le département Intégrité de la FAF parviendra-t-il enfin à prendre en charge cette affaire qui a fait couler beaucoup d'encre ? Il faut rappeler que le 15 mai dernier, sous la pression du scandale de l'enregistrement audio, la FAF avait fini par réagir, indiquant sur son site officiel qu'elle "s'est saisie d'un document sonore relatif à une conversation téléphonique où deux individus échangent sur un éventuel arrangement de plusieurs rencontres de football. En attendant l'authentification de ce support, la FAF dénonce avec vigueur ces pratiques condamnables et se réserve le droit de : saisir la commission d'éthique de la FAF pour l'audition des deux personnes une fois identifiées ; saisir son département Intégrité pour conduire les investigations nécessaires pour mettre toute la lumière à ce sujet". Halim Djendoubi, qui a pignon sur rue visiblement dans ce domaine, pourrait, du coup, par exemple commencer par rouvrir ce dossier Halfaïa-Saâdaoui et mener les "investigations nécessaires", dixit la FAF, afin de donner un gage de sa volonté à lutter contre la corruption dans le football algérien. L'absence d'une véritable volonté politique des décideurs de mettre fin à la corruption dans le monde du football est criante. Malgré les aveux et les preuves apportées dans plusieurs cas, pratiquement aucun fossoyeur du football n'a été puni. Pourtant, ce n'est pas l'arsenal juridique qui fait défaut à la FAF ou au MJS.
Les deux axes essentiels de lutte de la FIFA La FIFA définit deux axes essentiels dans la lutte pour la préservation de l'intégrité du football : primo, la manipulation de matchs. "On entend par manipulation le fait d'influencer ou d'altérer illégalement le cours, le résultat ou tout autre aspect d'une compétition ou d'un match de football. Cette pratique peut avoir pour but d'obtenir un gain financier, un avantage sportif ou autre. À quoi peut ressembler une manipulation de matchs ? Conspirer pour perdre un match ou faire match nul. Jouer volontairement en deçà de son niveau. Un arbitre ou un autre officiel de match prenant délibérément des mauvaises décisions. Accepter, offrir, recevoir ou demander de l'argent ou d'autres avantages à des fins de manipulation. Comment la manipulation de matchs peut-elle vous affecter ? Si vous ne respectez pas votre devoir de signaler toute tentative ou tout cas de manipulation de match, vous risquez une sanction. Le fait d'être impliqué dans une manipulation de match peut entraîner une suspension à vie de toute activité liée au football. La manipulation de match peut avoir des liens directs avec le crime organisé. Une mauvaise décision peut mettre votre carrière, voire votre vie en danger – mais aussi celle de vos proches." Secundo, les jeux d'argent, c'est-à-dire "parier sur des matchs de football. Avoir un quelconque intérêt direct ou indirect dans des sociétés de paris. Demander à quelqu'un de placer des paris en votre nom. Partager des informations sensibles/confidentielles avec des parieurs. Le fait de parier sur du football peut entraîner une suspension de trois ans de toute activité liée au football". La FIFA recommande justement de "signaler immédiatement toute forme potentielle de manipulation de matchs ou de corruption".