Les deux principaux accusés dans l'affaire de l'enregistrement téléphonique font l'objet d'une enquête des instances du football et de la justice. Parallèlement à l'action en justice initiée par le ministère de la Jeunesse et des Sports dans l'affaire de l'enregistrement téléphonique, la FAF et la LFP ont entamé leurs procédures disciplinaires respectives à ce sujet. L'interlocuteur de Fahd Halfaïa dans cet enregistrement audio, le manager Nassim Saâdaoui, proche de la FAF, a reçu jeudi une convocation de la part de la commission de l'éthique pour audition le 7 juin prochain. Il a également été convoqué par la commission de discipline de la LFP pour le 28 mai prochain. Nassim Saâdaoui, dont le nom n'apparaît pourtant dans aucune liste des managers agréés par la FAF, mais qui est pourtant impliqué dans plusieurs transferts de joueurs dans le championnat national, est soupçonné d'avoir joué les intermédiaires dans cette affaire présumée de marchandage de matches. Les deux instances du football ont mis du temps pour rendre publique son identité avant de se résigner à le convoquer sous la pression, notamment, de la plainte contre X déposée par le MJS. Nassim Saâdaoui pourrait être également poursuivi pour l'exercice d'une activité sans agrément de la FAF, lourdement punie par la nouvelle loi du sport. Interrogé, hier, par la Radio nationale au sujet de son prétendu lien avec le président de la FAF, Kheïreddine Zetchi, le chargé de la communication de la FAF, Aboud Salah-Bey, a expliqué que "Zetchi n'est pas responsable des comportements de Nassim Saâdaoui". "Même si l'on suppose qu'ils sont proches, Zetchi ne peut répondre des actes d'une autre personne. Je pense que certaines parties veulent entraîner le président de la FAF dans une affaire qui ne le concerne pas", martèle-t-il. En attendant l'audition de Nassim Saâdaoui, le directeur général de l'ESS, Fahd Helfaïa, a finalement répondu présent jeudi à l'audition de la commission de discipline, après avoir été menacé de sanctions automatiques par la ligue. En effet, la veille, l'homme par qui le scandale est arrivé a envoyé une demande de report de l'audition à la LFP jusqu'au verdict de la justice, mais la ligue est visiblement restée inflexible. La FAF lâche le mystérieux manager Il a donc été entendu par les membres de la commission de discipline. Cette dernière a publié un communiqué dans lequel elle indique : "Après la première audition de M. Halfaïa Fahd, directeur général de l'ESS, le jeudi 21 mai 2020, la commission de discipline a décidé de laisser le dossier disciplinaire ouvert pour complément d'information. Le manager Saâdaoui Nassim (intermédiaire de la FAF) est convoqué pour se présenter devant la commission de discipline jeudi 28 mai 2020 à 11h au siège de la Ligue de football professionnel." Signalons que dans ce communiqué, la commission évoque le traitement de l'affaire de l'enregistrement téléphonique à propos d'arrangements de matches du championnat national, Rappelons que c'est le président de Ligue de football professionnel qui avait officiellement saisi jeudi dernier cette commission pour diligenter une enquête et traiter le dossier en extrême urgence conformément à l'article 9 alinéa 4 du code disciplinaire de la FAF. Devant les membres de la CD, Fahd Halfaïa a continué à contester les faits qui lui sont reprochés, mais sans nier clairement qu'il s'agit bel et bien de sa voix dans l'enregistrement audio en question. "Je sais ce que je dis. L'enregistrement téléphonique est monté de toutes pièces et la justice le prouvera", assure-t-il sur un ton serein devant la presse à sa sortie du siege de la LFP. Pour sa part, la FAF a annoncé jeudi qu'elle "procédera, après les fêtes de l'Aïd El-Fitr, à l'installation officielle du responsable du Département intégrité. Pour rappel, la FAF avait entamé depuis juillet 2019 des démarches auprès de la Fifa pour la création d'un tel département, avec l'ambition de promouvoir l'intégrité et la protection des matches et des compétitions du football en Algérie. Comme énoncé d'ailleurs dans ses statuts, la Fifa a pour but "d'empêcher que des méthodes et pratiques, telles que la corruption, le dopage ou la manipulation de matches, ne mettent en danger l'intégrité des matches, compétitions, joueurs, officiels et membres ou ne donnent lieu à des abus dans le football association'' (article 2(g). Statuts de la Fifa, édition 2018) Des sessions/briefing ont d'ailleurs été organisées les 19 et 20 août 2019 au siège de la FAF et au Centre technique national (CTN) de Sidi-Moussa au profit des membres des Commissions juridictionnelles de la fédération et de la Ligue de football professionnel (LFP), des dirigeants de clubs professionnels et des arbitres internationaux. L'étape qui s'en est suivie a consisté en la recherche du profil remplissant les exigences et les qualifications liées au poste de responsable de cette structure". Cependant, comme nous l'écrivions du reste dans notre édition de mercredi, pour bon nombre d'observateurs, la commission de discipline et celle de l'éthique devraient visiblement se limiter à recueillir les témoignages des principaux accusés dans cette affaire en attendant le verdict de la justice avant de passer éventuellement aux sanctions purement sportives.