Un MCA-USMA, c'est toujours grandiose et, jeudi soir, il le fut encore plus. De part un suspense interdit aux cardiaques et une ambiance absolument féerique dans les gradins, le classico algérois fut tout simplement somptueux. Sans pour autant atteindre un niveau de jeu élevé, les débats entre les deux frères ennemis étaient indécis. Et le point culminant de cette indécision est certainement cette égalisation providentielle, à la toute dernière seconde, des Usmistes, après avoir été menés au score dès la 18' et, surtout, après avoir échappé à une “mort” certaine suite à une ou deux occasions du Mouloudia de tuer le match en seconde période. Les deux clubs rivaux de la capitale s'en sortent finalement dos à dos, avec une pointe d'amertume pour les Mouloudéens et un grand ouf pour l'USMA. Evoluant dans un système tactique en 4-5-1, le Mouloudia d'Alger a vite fait de prendre à la gorge cette formation usmiste, surprise en quelque sorte de voir en face un dispositif tactique à vocation défensive. Le surnombre en milieu de terrain pour le Doyen lui a permis de couper toutes les issues à la formation usmiste et c'est le Mouloudia qui créa le danger, d'entrée de jeu, par l'intermédiaire de Badji qui tenta un retourné acrobatique à quelques mètres du gardien Zemmamouche. L'omniprésent Eneramo rend la pareille à la 8' mais son centre trouve un Metref trop court pour reprendre le cuir. Achiou réplique de nouveau à la 14'; cependant son tir sera renvoyé par Abdouni. La fougue des Mouloudéens sera récompensée à la 18' par l'entremise de la nouvelle recrue, Bouzid, curieusement seul dans la surface de réparation suite à un corner en chandelle de Zmit. Le Mouloudia prenait un avantage au tableau d'affichage tout à fait mérité, eu égard à sa grande pression. Bien mieux, le MCA avait la balle du second but, une minute plus tard, quand Deham, excellent ce jeudi, en dépit de son manque de réussite, se présenta seul devant Zemmamouche (tout simplement époustouflant) qui s'interpose. Piqués au vif, les Usmistes réagissent et Metref, à la 23', faillit remettre les pendules à l'heure suite à une superbe tête plongeante. À un peu plus de la demi-heure de jeu, le Mouloudia allait subir un coup dur en perdant un joueur, en l'occurrence Belaïd, expulsé par l'arbitre Douala pour deux cartons jaunes. C'est peut-être le tournant du match, car l'USMA avait la possibilité, pendant toute une mi-temps, de profiter de cette supériorité. Que nenni ! Bien que fortement replié, laissant la gestion du jeu à l'adversaire, le Mouloudia s'avérera plus dangereux dans les contres. Du reste, à la 50', Deham rate l'immanquable en se présentant de nouveau seul devant Zemmamouche, mais ce dernier lui chippe de nouveau le ballon. L'on assista dès lors à une bataille d'attaques-défenses, avec une équipe de l'USMA qui pousse et un Mouloudia qui répond et qui tient bon autour d'un Bouzid impérial… jusqu'à cette 94'. Boudiaf, qui effectuait une remise en touche, lâche son ballon dans les pieds de Haddou qui, ravi de cette aubaine inespérée, remet directement sur Eneramo. Abdouni hésite, Chaoui est dépassé, et c'est ce diable de Eneramo qui place une tête hors de portée du portier mouloudéen. L'USMA revenait de loin, le MCA tombait des nues ! Abus d'autorité Le stade du 5-Juillet, censé être l'infrastructure qui offre les meilleures commodités, est devenu par la force des choses un enfer pour les journalistes. Jeudi soir, votre serviteur et une foule de collègues ont été empêchés par des policiers zélés et des stadiers, qui ressemblaient beaucoup plus à des voyous, de faire leur travail. L'accès aux vestiaires, réservé justement aux journalistes pour les déclarations de fins de match, est resté fermé à la face des journalistes pendant une heure, avant que ces derniers ne se résignent à rebrousser chemin. Le plus pitoyable dans cette histoire est que des policiers (des officiers pourtant) et des responsables du stade se renvoient la balle quant à la décision de fermer la porte aux journalistes. Mais, une chose est sûre, il y a manifestement de l'abus d'autorité et de l'incompétence de part et d'autre. Le ministère de la Jeunesse et des Sports est interpellé à ce propos pour mettre fin à cette gabegie et prendre les mesures nécessaires. Nouzaret : “l'arbitrage a été malhonnête” Le coach français du Mouloudia d'Alger, Robert Nouzaret, a rendu un vibrant hommage à ses joueurs qui, selon lui, se sont battus comme des héros. “Aujourd'hui, je crois, nous aurions largement mérité la victoire eu égard à notre meilleure maîtrise du jeu et surtout aux occasions ratées. Je dois avouer que l'arbitrage n'a pas été à la hauteur et a beaucoup désavantagé notre équipe. C'est là un comportement scandaleux de l'arbitre qui frise la malhonnêteté. Je suis déçu pour notre merveilleux public qui a été tout simplement majestueux. Ce semi-échec peut avoir des répercussions négatives sur le groupe et nous allons nous atteler à le remobiliser, car la saison est encore longue.” Ghazi : “c'est un nul à la saveur d'une victoire” Le milieu de terrain de l'USMA, Karim Ghazi, a estimé à la fin du match que “ce match nul arraché dans les derniers moments n'est que mérité car nous avons dominé la majeure partie de la rencontre face à un adversaire qui a opéré par un système de jeu ultra-défensif. Le Mouloudia était bien regroupé derrière et opérait par des contres, contrairement à l'USMA qui a pris le jeu à son compte sans pour autant, il faut le dire, trouver les solutions offensives. En fin de match, nous avons pris des risques car nous étions menés au score, ce qui nous exposait aux contres adverses, mais nous avons fini par trouver la faille. Je pense que cela est dû au fait que la défense a trop subi notre pression en seconde mi-temps. Nous espérons rester sur cette même dynamique et revenir vite en tête du classement”. S. B.