Alger hausse le ton et rappelle son ambassadeur à Rabat, après la démarche "provocatrice" du Maroc, à travers son ambassadeur à New York, qui a appelé les membres de l'organisation des pays non alignés à soutenir une prétendue "autodétermination du peuple kabyle". La diplomatie algérienne, qui a jugé la situation d'une "extrême gravité", avait appelé, vendredi, dans un communiqué, le royaume marocain à "clarifier sa position définitive" vis-à-vis de cette "dérive particulièrement dangereuse", "aventuriste", "irresponsable", et "manipulatrice". Ne voyant "aucun écho positif et approprié" venir de Rabat, le département de Ramtane Lamamra n'a pas attendu longtemps pour prendre des mesures face à ce que les partis politiques algériens dans leurs différentes mouvances, diplomates et personnalités publiques ont considéré comme une "déclaration de guerre". Hier dimanche, le ministère des Affaires étrangères rendait public, en effet, un deuxième communiqué dans lequel il annonçait "le rappel, avec effet immédiat, pour consultations, de l'ambassadeur d'Algérie à Rabat, sans préjudice d'autres mesures éventuelles en fonction de l'évolution de cette affaire". Cette décision, intervenue en moins de 48 heures, s'explique par le fait que dans la déclaration du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, rendue publique le 16 juillet, il a été indiqué que l'"Algérie attendait du royaume du Maroc qu'il clarifie sa position définitive sur la situation d'une extrême gravité créée par les propos inadmissibles de son ambassadeur à New York", note le même communiqué. Le rappel avec "effet immédiat" de l'ambassadeur d'Algérie à Rabat s'explique aussi par les vives réactions et les appels insistants lancés par la classe politique nationale en direction des hautes autorités du pays, afin de prendre les mesures appropriées face au dérapage marocain. Hier, le diplomate et ancien ministre, Abdelaziz Rahabi, soulignait dans un entretien accordé à Liberté, que cette "hostilité déclarée" du Maroc appelle "des mesures concrètes de rétorsion" de la part de l'Algérie. Le département de Lamamra, qui n'exclut pas ainsi d'autres mesures, après le rappel de l'ambassadeur d'Algérie à Rabat, avait considéré, vendredi dernier, que cette "tentative à courte vue", est destinée à "cultiver un amalgame outrancier entre une question de décolonisation dûment reconnue (Sahara occidental : ndlr) comme telle par la communauté internationale et ce qui n'est qu'un complot dirigé contre l'unité de la nation algérienne."