Alger a pris la décision de rappeler son ambassadeur à Rabat. Cette mesure intervient suite à la grave provocation marocaine enregistrée dernièrement. Selon le ministère des Affaires étrangères, d'autres décisions pourraient suivre... Abla Chérif - Alger (Le Soir) - L'Algérie est passée des paroles à l'acte, très vite cette fois, car elle n'a attendu que vingt-quatre heures avant de procéder au rappel de son ambassadeur à Rabat. Dans un nouveau communiqué publié hier, le ministère des Affaires étrangères rappelle que dans un précédent texte daté du 17 juillet, il était indiqué qu'Alger attendait du Maroc qu'il «clarifie sa position définitive sur la situation d'une extrême gravité créée par les propos inadmissibles de son ambassadeur à New York». «Depuis lors, poursuit la même source, et en l'absence de tout écho positif et approprié de la partie marocaine, il a été décidé, aujourd'hui, le rappel, avec effet immédiat, pour consultations, de l'ambassadeur d'Algérie à Rabat, sans préjudice d'autres mesures éventuelles en fonction de l'évolution de cette affaire». En d'autres termes, l'Algérie n'entend pas s'arrêter au simple rappel de son ambassadeur pour consultations dans le cas où la partie marocaine persistait à ignorer la demande de clarification de la position officielle de Rabat dans l'affaire de Omar Hilale, ambassadeur marocain à New York. Il y a moins d'une semaine, et lors d'un sommet des Non-Alignés, ce dernier avait réagi à l'intervention de Ramtane Lamamra au sujet du Sahara Occidental (il a réitéré la position traditionnelle de l'Algérien), en plaidant le droit à «l'autodétermination de la Kabylie». «La représentation diplomatique marocaine à New York a fait distribuer à tous les pays membres du mouvement des Non-Alignés une note officielle, dont le contenu consacre formellement l'engagement du royaume du Maroc dans une campagne hostile à l'Algérie, à travers un soutien public et explicite à un prétendu droit à l'autodétermination du peuple kabyle qui, selon ladite note, subirait «la plus longue occupation étrangère», expliquait le MAE, ajoutant que cette «double assertion vaut reconnaissance de culpabilité en ce qui concerne le soutien marocain multiforme, actuellement accordé à un groupe terroriste connu, comme cela a été le cas du soutien aux groupes terroristes qui ont ensanglanté l'Algérie durant la décennie noire». Même s'il est difficile d'entrevoir, pour l'instant, les mesures supplémentaires que pourrait être amenée à prendre l'Algérie dans le cas où le Maroc persistait dans le déni de la demande algérienne, il semble aujourd'hui clair que le pays ait décidé de ne plus se suffire de réactions ponctuelles pour mettre un frein aux provocations marocaines. Une indication de ce qui pourrait se dérouler est contenue dans ces phrases lourdes de sens, publiées le 17 juillet dernier, dans le premier communiqué du ministère des Affaires étrangères, qui déclare que l'affaire «avait heurté frontalement les principes et les accords qui structurent et inspirent les relations algéro-marocaines et constitue une violation flagrante du droit international et de l'acte constitutif de l'Union africaine». Une manière de faire clairement entendre que l'Algérie ne pouvait souffrir d'une ambiguïté laissant le doute sur les véritables intentions d'un voisin devenu trop dangereux, et qu'il devait désormais s'attendre à une réaction à la hauteur d'une situation qui concerne cette fois l'intégrité de son territoire. La situation qui se pose aujourd'hui est de savoir dans quelle mesure, et de qu'elle manière surtout, le Maroc compte réagir dans cette affaire. Durant l'été 2020, Rabat avait décidé de faire le dos rond lorsque son consul à Oran avait publiquement déclaré qu'il se trouvait en pays ennemi, seul argument avancé pour calmer des ressortissants marocains abandonnés à leur sort par leurs dirigeants en pleine pandémie. Sa hiérarchie avait tenté de se dépêtrer, en assurant que la vidéo montrant le diplomate prononcer ces propos était un montage, avant que décision soit prise de le retirer de son poste. Dans le cas présent, il en est tout autre, Omar Hilale constitue l'un des hommes clés de Mohammed VI et n'agit que sur injonction du palais royal de Mohammed VI, entré dans une nouvelle phase depuis l'officialisation de ses relations avec Israël... A. C.