Dans ce qui ressemble à une course contre la montre, l'Exécutif met les bouchées doubles pour essayer de contenir la propagation de la pandémie. Les citoyens, qui prennent de plus en plus conscience de la gravité de la situation, s'organisent et mettent en place des chaînes de solidarité... La mobilisation est générale. Des images poignantes parviennent à l'opinion publique depuis l'intérieur des enceintes hospitalières. Des médecins et des gardes-malades se battent littéralement pour des bouteilles d'oxygène, ramenées au milieu de la nuit par de providentiels transporteurs. Tous les jours, des dizaines de proches de patients Covid en détresse respiratoire lancent des recherches pour des extracteurs d'O2. Le personnel soignant, bouleversé, alerte continuellement sur des décès de patients par asphyxie dans les services de réanimation. Une telle tension sur la substance vitale a été vécue en novembre 2020. Le gouvernement, visiblement surpris par l'ampleur de la dégradation de la crise sanitaire, se démène pour rattraper le temps perdu et tenter de limiter la casse. Dans ce qui ressemble à une course contre la montre, l'Exécutif met les bouchées doubles pour essayer de contenir la pandémie qui, dans certaines régions du pays, commence à déborder. Le la a été donné avec la tenue, dimanche dernier, du Conseil des ministres où une batterie de mesures restrictives ont été prises et des instructions données dans une tentative de freiner la propagation des contaminations. Le nouveau plan de confinement a pris effet à compter du lendemain, c'est-à-dire lundi. Et à partir de là, les différents démembrements de l'Etat ont, chacun dans son champ d'action, suivi la dynamique gouvernementale en annonçant un certain nombre de décisions allant dans le sens du durcissement du confinement et de la limitation des déplacements et des activités commerciales. Le Conseil des ministres avait ainsi décidé d'instaurer le couvre-feu dans 35 wilayas, de 20h au lendemain à 6h, et d'interdire l'accès aux espaces publics à grandes affluence, dont les parcs et les plages. Cela, en sus de la réorganisation de la prise en charge des patients au niveau des structures hospitalières et l'approvisionnement de ces dernières en oxygène. Un coup d'accélérateur a été aussi donné à la campagne de vaccination qui connaît, par moments, un certain ralentissement. Et c'est dans cette logique que le ministère de l'Industrie pharmaceutique a soustrait les particuliers à l'obligation d'avoir une autorisation du département de tutelle pour l'importation des extracteurs d'oxygène. Il avait incité, la veille, les fournisseurs à augmenter la proportion de la production locale. Les mesures sont, certes, jugées insuffisantes, par bon nombre de spécialistes et de citoyens inquiets du pic, jamais égalé, du nombre de contaminations au Sars-CoV-2 par 24 heures et surtout par la courbe exponentielle des décès. Sur les réseaux sociaux, il est clairement exigé de l'Exécutif de décréter un confinement total, pendant une période de 15 jours, renouvelable. Cependant, la stricte claustration à domicile a un coût économique que le gouvernement aurait du mal à consentir dans une conjoncture plombée par l'inflation, l'érosion du pouvoir d'achat, un chômage galopant et par un déficit budgétaire de plus en plus important. Le confinement du printemps-été 2020 s'est avéré éprouvant pour les professions libérales, les artisans, les journaliers... et aussi les entreprises de moyenne et petite taille. Les aides de l'Etat n'ont pas sauvé une partie de ces employeurs forcés au dépôt du bilan et des travailleurs sans revenus. Face à la menace du variant Delta, fortement contaminant et particulièrement foudroyant, y compris pour des sujets jeunes et potentiellement en bonne santé, est-il raisonnable de laisser la vie sociale et commerciale suivre son cours sans restriction ? N'est-il pas plus censé de payer le tribut qu'il faut pour briser la chaîne de contagion, préserver des vies et alléger la pression sur les hôpitaux, actuellement saturés ? Le gouvernement est devant un véritable choix cornélien. La campagne de vaccination contre la Covid-19, entamée au demeurant tardivement, n'a pas été cadencée de telle manière à protéger la population en amont de probables nouvelles vagues. Il est vrai que, jusqu'à ce mois de juillet, l'Algérie a été relativement préservée d'une transmission massive du virus, à telle enseigne qu'elle n'a pas été listée, par l'OMS, parmi les pays à risque pandémique. Illusion d'invincibilité ou erreur d'appréciation du comportement d'un virus "vicieux" et tenace ?