Le départ en congé de certains minotiers a aggravé une crise qui est le fruit "d'une grande spéculation" malgré tout ce qui a été fait, comme l'affirme le sous-directeur du commerce de la wilaya d'Oran. Y a-t-il une crise de la farine ou est-ce simplement une "supposée" pénurie ? Entre les affirmations des uns et le démenti des autres, le citoyen risque d'être l'otage d'un éventuel bras de fer qui se profile. Faouzi Baïche, le président du Comité des artisans boulangers d'Oran, affirme que la crise, même si elle est "fabriquée", dure depuis deux mois. Contacté par Liberté, il explique que ce problème vient d'être soulevé lors d'une réunion qui s'est tenue hier avec le sous-directeur du commerce de la wilaya d'Oran. "À ce propos, il a été décidé de réquisitionner les moulins Habour et Agrodim à El-Hamri pour approvisionner particulièrement les boulangers qui n'ont plus de farine", précise notre interlocuteur. Ce dernier regrette la persistance d'une crise qui est le fruit "d'une grande spéculation" malgré tout ce qui a été fait. "On n'arrive pas à la régler, on s'est mis d'accord avec la DCP pour repousser les congés des minoteries après août, malgré cela le problème persiste", ajoute-t-il. Faouzi Baïche dénonce fermement les marchands de crise, comparant les spéculateurs de l'oxygène à ceux de la farine. "Actuellement, les boulangers achètent le quintal de farine à 2 800 et 3 000 DA alors qu'elle faisait 2 000 DA", précise-t-il, pointant du doigt les minoteries qui profitent de cette crise pour imposer leurs règles du jeu. Quant aux informations faisant état de l'augmentation du prix du pain ordinaire, il indique qu'il n'en est rien même si les boulangers vendent le pain spécial plus cher. "Je préfère que les boulangers ne travaillent pas plutôt que de vendre le pain ordinaire à 15 DA", rassure-t-il. Pourtant, et dans une déclaration à la presse, le directeur général de la régulation et l'organisation des marchés au ministère de Commerce, Sami Kolli, a affirmé que le farine est disponible sur le marché en "quantités suffisantes". Il a ainsi tenu à démentir "les fausses informations" qui font état d'une pénurie de farine sur le marché. Il a également dénoncé "les parties malveillantes" qui cherchent à "relayer les informations infondées sur la pénurie de farine sur le marché à des fins précises". Il révèle, à ce propos, que les 432 moulins à travers le territoire national sont "actuellement en production sans interruption", car il leur est interdit de faire les arrêts techniques en prévision de toute urgence. Ces minoteries, ajoute le même responsable, bénéficient d'importantes quantités de blé tendre destinées à produire 24 000 quintaux de farine, estimant que c'est "une quantité qui nous suffit et même à nos voisins". "Sur cette quantité, 5 100 quintaux sont dirigés en permanence vers les boulangeries", précise-t-il encore. Il a aussi tenu à ajouter que les ministères de Commerce et de l'Agriculture ont constaté quelques lacunes, notamment le refus de certains boulangers de travailler avec la facturation et de s'approvisionner en farine auprès des minotiers en recourant aux grossistes à des prix exorbitants. À ce sujet, c'est un Faouzi Baïche qui rétorque, en déclarant : "Comment le boulanger va-t-il spéculer alors qu'il n'y a de farine ni chez le minotier ni chez le grossiste." Il tient, lui aussi, à rappeler qu'une centaine de boulangers à Relizane n'ont pas travaillé dimanche dernier à cause du manque de farine. Quoi qu'il en soit, une rencontre est prévue entre les représentants des boulangers et ceux du département du Commerce pour "trouver une solution définitive à ce problème", souhaite notre interlocuteur.