Faisant partie des gens qui ont leur art dans le cœur, en dépit des difficultés que rencontre leur métier, l'artiste Ali Ould Ramoul continue vaille que vaille à exercer son travail dans son atelier où un trésor d'œuvres est installé sur des présentoirs ou déposé à même le sol. Dès qu'on franchit la porte d'entrée, on est vite surpris par la large gamme de produits fabriqués main, entre autres des vases, des assiettes, des plats faits émaux en relief, des plats décoratifs portant des dorures et des calligraphies arabes, des enluminures avec gouache sur papier à dessin, des rosaces fabriquées selon le style islamique... Installé sur son pupitre, utilisé plutôt comme établi, en train de scruter un carreau de céramique auquel il s'apprêtait à donner une autre vie, une autre couleur, pour être gardé pour la postérité, il paraissait peu ouvert à la discussion. Il a la même façon de parler de son art, de ses expositions et de ses participations aux foires nationales et internationales, des vicissitudes endurées durant la décennie noire et qui l'avaient contraint à se convertir en épicier, puis en marchand de quincaillerie pour gagner sa croûte. Parlant avec enthousiasme de son art et de son parcours professionnel, il dira qu'il a fait ses études à l'université de Paris 8 à la section arts plastiques, suivi des cours au lycée technique Auguste-Renoir à la section céramique en cours du soir, sous la houlette du grand professeur Jean Hury, puis au conservatoire des arts et métiers de Paris ; il s'est inscrit à des cours de dessin dans une école privée et a travaillé en tant que stagiaire à l'atelier de Marcel Guillot à St-Maure dans la région parisienne de 1973 à 1978. Rentrant au pays en 1978, il a dû trouver un emploi dans l'éducation en qualité d'enseignant vacataire de dessin, un travail qu'il assura à l'Institut de technologie de l'éducation (ITE) filles de M'salah à Médéa jusqu'en 1985, poste qu'il quitta pour s'installer à son compte dans son propre atelier. Spécialiste dans la céramique d'art, décoration de plats, vases et autres panneaux en faïence, il fait également de la poterie et de la peinture à l'huile. Il a participé à plusieurs salons à Paris et à Marseille durant l'année de l'Algérie en France, au salon mondial de la céramique à Valence en Espagne ainsi qu'à plusieurs salons nationaux où il a obtenu plusieurs prix et médailles. À la question de savoir s'il n'a pas été initié à la céramique par un proche ou un enseignant, il déclare : "Je suis venu à cet art dès mon jeune âge grâce à mon père qui était artisan-fabricant de bougies traditionnelles et qui fréquentait en même temps l'atelier d'un peintre français appelé Saoli. Le hasard a voulu que lors de la reconversion de la cathédrale du centre-ville en voie de transformation en mosquée, aujourd'hui Djamaa Ennour, en 1966, un groupe a été envoyé en Espagne pour l'achat de carreaux de revêtement destinés à la mosquée, l'occasion aussi d'acheter tous les moules de l'usine qui allait fermer ses portes, et le lancement du travail de la céramique par l'utilisation de l'argile de Médéa." Les produits céramiques de la région sont aussi prisés pour leur qualité intrinsèque, car la céramique locale est de nature esthétique particulière lui ayant permis de résister à la concurrence des produits de l'industrie revêtant l'estampille des pays d'Asie et d'ailleurs. En effet, la céramique locale fournit toujours les éléments décoratifs d'intérieur tels que plats, vases, bibelots, abat-jour. Utilisant le procédé de coulage et de moulage de l'argile blanche, elle fait appel à certaines techniques pour l'amélioration des couleurs et de l'impression, en utilisant des matériaux divers dont les oxydes et les aimants et accessoirement des fleurs séchées. La céramique est toujours recherchée pour la décoration des demeures cossues à partir d'éléments céramiques fabriqués dans les ateliers appartenant à des artisans dont la réputation a été acquise à l'occasion de foires et forums internationaux. La promotion de la céramique a aussi donné l'occasion de faire la promotion de l'argile locale, mais pas seulement, car le pays recèle un important potentiel et des gisements disséminés à travers tout le territoire, avec la disponibilité de l'argile blanche et de l'argile réfractaire dont les caractéristiques répondent aux normes exigées. On ne se lassera d'ailleurs pas d'admirer le travail ciselé des œuvres du céramiste Ali Ould Ramoul dont la gamme comprend des produits inspirés des styles arabo-mauresque, des calligraphies arabes, des tableaux berbères, des paysages, des enluminures, etc.