Les populations riveraines ou vivant au cœur du Parc national du Djurdjura vivent ces jours-ci la peur au ventre de voir se déclencher des feux dans cet espace fort boisé. Les incendies qui ont ravagé les villages de Kabylie ont mis en alerte les responsables du Parc national du Djurdjura (PND) qui comprend des milliers d'hectares de forêt et de végétaux, s'étendant sur un vaste territoire regroupant une partie de la wilaya de Tizi Ouzou et de Bouira. S'il est vrai que pour le moment cette réserve forestière est épargnée, tout le monde craint le pire, dans le cas où des départs de feu se déclareraient aussi bien à l'intérieur du PND que dans les villages limitrophes. Le 11 août, un incendie qui a pris du côté d'Ath Ali sur les hauteurs de Boghni a ravagé 42 ha de couvert végétal, en dépit de la vigilance des services concernés et des citoyens. "Grâce à la grande mobilisation de la population, nous sommes arrivés à maîtriser les flammes. Ce n'est pas aussi grave que l'été dernier où nous avions perdu 200 ha en une seule journée. Ce sont 42 ha de broussailles, de sous-bois et de maquis qui sont partis en fumée. N'étaient les interventions en temps opportun, les dégâts seraient énormes", confie Abdelaziz Mehdi, chef du secteur de Tala Guilef, où il patrouille, guettant la moindre fumée, afin de donner l'alerte aux services des forêts et de la protection civile. "Nous sommes très vigilants, surtout que les départs de feu, ces derniers jours, sont imprévisibles. Certes, nous n'avons pas les moyens humains et matériels pour faire face à d'éventuels départs de feu, mais nous restons sur le qui-vive. Nous espérons une baisse des températures parce que la chaleur est un facteur qui favorise les départs de feu", signale-t-il, en comptant bien sûr sur la mobilisation des populations riveraines au PND. Selon nos informations, les villages d'Ath Kouffi, de Mahvane, d'Ighzer n'Chevel, d'Ath Ali pour ne citer que ceux-ci ont déjà mis en place des comités de vigilance et de coordination entre eux. "Avec ce qui s'est passé dans les villages de haute Kabylie, nous avons initié des groupes de surveillance", dira, pour sa part, un habitant d'Ath Kouffi. "Des groupes de jeunes se relaient dans les points stratégiques en vue de surveiller les lieux susceptibles d'être des foyers de départ de feu", confirme Abdelaziz Mehdi. C'est le même constat du côté du secteur d'Ath Ouabane. "Nos camarades du secteur d'Ath Ouabane ont installé eux aussi leur quartier général, d'autant que dans ce secteur, il y a une forêt dense de plus de 1000 ha fortement boisés où nous comptons aussi une réserve importante d'animaux et d'oiseaux rares. La vigilance est de mise", conclut le chef de secteur de Tala Guilef, sans oublier de souligner tout de même la contribution des citoyens aussi bien dans la prévention des incendies que leur engagement au moment de l'extinction des feux. Abdelaziz Mehid souhaite que le PND soit épargné et protégé durant cet épisode malheureux que traverse la Kabylie et d'autres régions du pays. Selon les responsables du PND, rien que le 12 juillet dernier, 20 ha de couvert végétal dont des chênes verts, de la broussaille et des maquis divers ont été ravagés dans le PND et à Tikjda, à l'est de Bouira. Aussi, une stratégie de lutte contre les incendies est en place au siège du PND de Bouira où les responsables sont en relation étroite avec leurs partenaires, services des forêts, protection civile, citoyens, associations et comités de village, en vue de conjuguer leurs efforts et faire face à ce phénomène.