200 hectares partis en fumée à Tala Guilef. Les vents violents qui ont favorisé la propagation rapide des flammes n'étaient pas de nature à faciliter la tâche aux forestiers et sapeurs-pompiers. L'énorme incendie qui s'est déclaré le week-end dernier à Tala Guilef, un massif boisé relevant du Parc national du Djurdjura (PND), dans le sud de la wilaya de Tizi Ouzou, a ravagé pas moins de 200 ha sur les 18 500 ha de forêt que compte cette zone, a-t-on appris auprès des services concernés. De vastes surfaces de chêne vert, d'oliviers et de broussailles ont été calcinées en l'espace de 48 heures dans cette zone relevant du Parc national du Djurdjura, classé par l'Unesco en 1997 comme réserve de biosphère protégée. La zone offre désormais une image apocalyptique qui renseigne sur la violence de cet incendie qui, pour l'éteindre, même des hélicoptères ont été mobilisés par la Protection civile. Poussé par des vents violents, l'incendie, qui a pris son départ du lieudit Iâjbilène, s'est propagé à une grande vitesse, pour atteindre en un temps record le massif de Tala Guilef dont le couvert végétal a été aussitôt réduit en cendres sur de vastes étendues. Sur son passage, des villages dont Maâla d'Ath Kouffi, se sont vite retrouvés menacés par les flammes. Des villages qui n'ont dû leur salut qu'à la mobilisation des habitants parmi lesquels il y a eu même, selon certains d'entre eux, quelques blessés. Une habitation a été également, disent-ils, évacuée in extremis alors qu'une autre a été léchée par les flammes. "Depuis le début de l'été, nous avons enregistré seulement deux petits incendies du côté d'Ath Allaoua et dans la commune de Haïzer. Des incendies qui ont eu lieu, faut-il le souligner, en dehors du périmètre du PND. Mais le plus catastrophique est celui de Tala Guilef, car il a anéanti une superficie énorme", nous a déclaré Ahmed Dahmouche, directeur du Parc national du Djurdjura. Outre les vents violents qui ont favorisé la propagation rapide des flammes et qui n'étaient pas de nature à faciliter la tâche aux forestiers et sapeurs-pompiers, il y a lieu également de souligner que durant la même journée la wilaya de Tizi Ouzou a enregistré 34 départs de feu et 9 incendies importants qui ont contraint les corps d'intervention à dispatcher leurs moyens à travers plusieurs localités où des feux ont été signalés. Il y a lieu aussi de relever l'insuffisance des moyens humains déployés pour la surveillance de ce parc. Une insuffisance qui rend difficile la détection des incendies à leur départ. En ce sens, il y a lieu de signaler que le PND, qui totalise 18 500 ha, comprend cinq secteurs, à savoir Tala Guilef (Boghni), Ath Ouabane (région d'Ath Ouacif), Tirourda (région d'Iferhounène), Tala Rana et Tikjda du côté de Bouira, mais les équipes chargées de la surveillance de chaque secteur sont constituées de seulement quelques éléments chacune. D'ailleurs, peu avant le début de l'été, la direction du PND a adopté une stratégie axée non seulement sur la mobilisation de ses moyens afin de limiter les dégâts, mais aussi sur la sensibilisation des riverains et des amoureux de la montagne. Selon le directeur du PND, la stratégie tracée s'articule principalement sur la conscience des populations riveraines au parc. "Même si nous avons peu de moyens, toutes nos équipes sont mobilisées, notamment dans les points noirs. La surveillance de ces points est constante. La population nous aide beaucoup quand les départs de feu sont signalés à temps. Les interventions ne pourront être que rapides. Le premier appel est déterminant. Nous demandons toujours le recrutement d'agents quand cela est possible, parce que le PND est vaste et a besoin d'un effectif conséquent. Nous n'avons aucune intention d'interdire à nos citoyens de visiter le PND mais nous leur demandons seulement d'écouter les conseils de nos agents afin de préserver ce trésor qui est un patrimoine national", a-t-il conclu. À signaler que la direction du Parc national du Djurdjura a déjà organisé des campagnes de sensibilisation à Tala Guilef et Tikjda où les campeurs et les visiteurs ont été appelés à plus de vigilance et au respect des consignes données pour l'installation de leurs camps en privilégiant les sites indiqués par les chefs de secteurs respectifs du PND en vue d'éviter des départs de feu en ces périodes de canicule d'une part, et en s'assurant, d'autre part, que toutes les braises ont été éteintes après avoir passé une journée de détente dans ces belles forêts. À noter que depuis le 9 juillet, le wali a décidé d'interdire tout campement de vacances à travers la wilaya. Une décision prise, en réalité, dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie de Covid-19, mais qui s'avère aussi utile pour réduire les risques de départ de feu à l'intérieur ou dans les environs du Parc national du Djurdjura où des centaines de campeurs et autres randonneurs ont l'habitude de bivouaquer en période estivale.